Une résidence présidentielle hors du commun. Loin de la Maison-Blanche, le président américain Donald Trump plébiscite le plus possible sa propriété de Mar-a-Lago : un complexe hôtelier, réservé à des membres «exclusifs».
Plus de 130 pièces, réparties sur 10.000 m2. Vingt hectares de pelouses minutieusement entretenues. Une vue imprenable sur l’océan. Plusieurs courts de tennis, de terrains de croquet et piscines, sans compter le parcours de golf, cher au président.
Mar-a-Lago : le nom de ce luxueux complexe situé à Palm Beach - cité balnéaire de Floride où l'on trouve l'une des plus grandes concentrations de milliardaires aux Etats-Unis - revient régulièrement dans l'actualité présidentielle américaine. Le chef de l'Etat y passe ses week-end. Il y tweete, s'exprime devant les journalistes, y reçoit ses homologues caribéens, chinois, japonais ou partage ses parties de golf avec Tiger Woods.
Le président américain Donald Trump et, la première dame Melania Trump sur le perron de leur résidence pour une séance photo avec le président d'Haïti Jovenel Moïse et des dirigeants des Caraïbes dans la propriété de Mar-a-Lago, en mars dernier. [Nicholas Kamm / AFP]Mais la particularité de cette résidence secondaire présidentielle est qu'elle n'accueille pas que Donald Trump, sa famille et son staff. Mar-a-Lago fonctionne comme un hôtel, réservé à des clients privilégiés. On peut y séjourner dans l'une des résidences au style architectural très «européen», profiter du bord de mer privatisé ou louer pour son mariage la très vaste (1900 m2) et clinquante Donald J. Trump Ballroom aux allures de galerie des glaces versaillaise.
Mais profiter de tout ce faste ou espérer serrer la main du président au détour d'un dîner a un coût : comptez 200 000 dollars pour intégrer le Club, sans compter les 14.000 euros à débourser chaque année pour renouveler son adhésion. Des prix doublés depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
Parmi les élites de ce Ghota trumpien, qui compte environ 500 membres comme le révélait en 2017 le New York Times, d'importants promoteurs immobiliers, des cadres de Wall Street, des PDG d'industries et autant d'hommes d'affaires qui ont réussi.
Un argument de plus pour les détracteurs de la présidence, toujours teintée de risques de conflits d'intérêts entre le président, propriétaire du lieu, et de puissants adhérents lobbyistes.
Surtout, depuis son investiture, beaucoup s’inquiètent du manque de sécurité liée à la nature exceptionnelle de cette résidence présidentielle, la première où des citoyens peuvent s’offrir de côtoyer le chef de l’Etat, sans plus de précautions. Ce week-end, une femme a même été arrêtée au sein du complexe, avec sur elle, une clé usb contenant un logiciel malveillant.
Collusion, sécurité discutable : Mar-a-Lago est surtout très onéreuse pour Washington. Un journaliste de la chaine CNN estimait le mois dernier que chacun des séjours passées sur Mar-a-Lago coûtait 3,4 millions dollars : un véritable budget quand on sait que le président y a passé 51 jours en 2018.
Un coût qui a de quoi effarer son gouvernement : la dernière coupe dans le budget du ministère de l'éducation ordonné par le chef de l'Etat représente trois séjours à Mar-a-Lago. Pourtant, il y a peu de chances que Donald Trump renonce à son luxueux club, lieu de ses désormais emblématiques parties de golf.