Tandis que la bataille entre le président Nicolas Maduro et l'opposant Juan Guaido n’en finit plus au Venezuela, la situation des habitants empire chaque jour.
Au bord du précipice. Alors que le Venezuela est en plein marasme depuis des semaines, l’ONU a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. La situation du pays sera en effet ce mercredi 20 mars au centre des discussions lors de la réunion du Conseil des droits de l’Homme de l’organisation internationale à Genève.
L’objectif, tenter de trouver des solutions à la crise humanitaire qui a poussé 2,7 millions d’habitants à l’exil depuis 2015. Elle se double depuis plusieurs semaines d’un conflit politique, né après l’autoproclamation de l’opposant Juan Guaido comme président du Venezuela le 23 janvier, alors que le chef d’Etat en exercice, Nicolas Maduro, s’accroche au pouvoir.
Une catastrophe économique
Semaine après semaine, la lutte entre le dirigeant socialiste et son jeune rival de 35 ans ne fait qu’aggraver la situation dans le pays, car aucun ne veut céder. En effet, Nicolas Maduro refuse l’entrée des cargaisons humanitaires américaines, car il craint que ce ne soit le prélude à une intervention militaire des Etats-Unis, qui ont reconnu Juan Guaido, à l’instar d’une cinquantaine de pays.
Même si le président élu a annoncé le 18 février l’arrivée de 300 tonnes d’aide en provenance de Russie, son principal allié, les Vénézuéliens sont confrontés à de graves pénuries de produits de première nécessité, médicaments et nourriture. Ainsi, dans les hôpitaux publics, 90 % du matériel médical fait défaut, selon une ONG.
En cause, une économie en plein effondrement. «Cela s’explique par la chute de la production de pétrole, principale ressource du pays, par le détricotage des autres activités, avec les nombreuses nationalisations d’entreprises, et par la corruption abyssale du régime», analyse Serge Ollivier, historien à l’université Paris 1.
Cette économie à l’agonie entraîne une hyperinflation inimaginable, qui pourrait atteindre les 10 000 000 % cette année, selon le FMI. En réponse, Nicolas Maduro a supprimé cinq zéros au bolivar, la monnaie locale, en août, mais sans succès, car la population souffre toujours d’un manque cruel de cash. En effet, alors que la plus grosse coupure est de 500 bolivars, le litre de lait en coûte près de 10 000.
Ces insuffisances de liquidités et de produits de base ont en outre été exacerbées par la panne de courant géante qui a paralysé le pays pendant cinq jours la semaine dernière, provoquant des files d’attente interminables devant les magasins et des drames dans les hôpitaux.
Le pire envisagé
La situation est donc dramatique, et les signes d’espoir quasi inexistants. En effet, la crise politique semble dans l’impasse. Nicolas Maduro, qui garde le soutien crucial de l’armée, martèle qu’il ne veut pas organiser de nouvelles élections, tandis que Juan Guaido est tout aussi déterminé à ne rien lâcher. Le président du Parlement a en effet entamé samedi une tournée dans le pays, pour continuer à mobiliser ses partisans avant une grande marche à Caracas, visant à s’installer «dans le bureau présidentiel».
Ainsi, selon Serge Ollivier, «l’issue la plus catastrophique, mais qui semble probable, est celle d’une intervention militaire américaine, une menace que laisse planer Donald Trump». Si tel était le cas, la misère pourrait alors laisser place au chaos.