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Juan Guaido, l’homme du renouveau ?

Juan Guaido pendant une manifestation Juan Guaido pendant une manifestation[Federico PARRA / AFP]

Il s’est érigé en rempart à Maduro. Adoubé par une dizaine d’Etats européens, dont la France, Juan Guaido est désormais considéré comme le président par intérim du Venezuela, douze jours après s’être autoproclamé président. 

Une décision qui fait suite au refus de Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, d’organiser une élection présidentielle anticipée alors que sa légitimité est plus que jamais remise en cause par l’opposition et les manifestations qui secouent le pays.

En quelques semaines, Juan Guaido a donc réussi à s’imposer comme la seule alternative au pouvoir en place. Mais ce tour de force pourrait se retourner contre lui, s’il ne parvient pas à relever de nombreux défis. En premier lieu, l’homme de 35 ans va devoir organiser des élections libres. Un objectif complexe, tant le pays s’est progressivement polarisé au fil de l’ère Maduro.

Apaiser les tensions sera donc la première étape pour réussir à aboutir à cette élection. Un challenge à sa mesure, après avoir réussi à unifier l’opposition, historiquement divisée, derrière lui. «Une de ses principales qualités c'est de monter des équipes. Il comprend les différentes positions et fait tout ce qui est possible pour n'en faire qu'une», expliquait d’ailleurs Juan Andrés Mejia, un autre député de son parti.

Outre la crise politique, celui qui a financé ses études d’ingénieur industriel en vendant des ordinateurs et en travaillant dans le magasin familial devra également gérer la crise économique sans précédent, qui dure depuis plus de quatre ans. Avant ça, Juan Guaido devra parvenir à s’imposer définitivement à la tête du Venezuela, et ce n’est pas encore tout à fait acté.

«Son ascension express a été rendue possible car tous les chefs de l’opposition sont en exil, inéligibles ou assignés à résidence», explique ainsi Serge Ollivier, historien et spécialiste du pays. Si l’élection peut être organisée, il lui faudrait donc se présenter sans que les autres chefs de partis rentrent dans la course et divisent l’opposition. Mais son image de jeune père de famille issue de la classe moyenne joue en sa faveur. En outre, il n’a pas été marqué par le régime d’Hugo Chavez , ce qui en fait «un très bon candidat», selon l’historien. D’autant plus que Guaido développe actuellement un «charisme national indéniable».

Maduro ne désarme pas

Ces calculs restent cependant liés à une condition : le départ de Nicolas Maduro, qui est loin d’être acquis. À l’international, le successeur d’Hugo Chavez reste soutenu par quelques pays puissants, dont la Russie. Au niveau national, il peut compter sur l’appui de l’armée et une partie importante de la population. Mais ce soutien militaire pourrait vite s’essouffler. Des sanctions imposées par Washington, intensifiées fin janvier, bloquent l’arrivée de liquidités dans le pays, et pourraient ainsi l’empêcher de financer les généraux pour les garder sous sa coupe. Cela pourrait les décider à rejoindre le camp de Guaido, d’autant que ce dernier leur a promis l’amnistie. «C’est en tout cas la stratégie de Donald Trump», confirme Serge Ollivier. Mais ce pourrait être, aussi et malheureusement, le point de départ d’une guerre civile.

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