Une séquence cruciale pour l'avenir du Brexit s'ouvre ce mardi 12 mars à Londres. Le Parlement britannique doit en effet voter mardi sur la seconde version de le traité de retrait de Theresa May, puis mercredi sur une sortie sans accord, et enfin jeudi sur un report de la sortie, prévue le 29 mars. Selon Elvire Fabry, chercheuse senior à l'Institut Jacques Delors, c'est l'extension de la période de négociations qui est maintenant l'option numéro un.
Quelle est l'issue la plus probable au Brexit ?
C’est bien difficile à dire aujourd’hui. Plus que jamais, la girouette s'affole. Les probabilités des différents scénarios n'arrêtent pas de changer d'un jour à l'autre. Il y a quelques jours, la probabilité que Theresa May réussisse à faire passer son accord remontait un peu. On se disait que les Brexiters les plus durs pourraient assouplir leur position.
Et là, on voit que les partisans du «no deal» sont de plus en plus nombreux dans l'opinion publique. Une sondage du cabinet ComRes en début de semaine montre qu'il gagne six points de soutien chez les Britanniques par rapport à janvier. Sans doute par lassitude, mais aussi par confiance dans leur capacité de résilience. Et on commence à douter de l'utilité d'une extension courte de trois mois.
Mais on risque tout de même d'aller vers un rejet de l'accord de Theresa May mardi, suivi d'un refus du «no deal» mercredi, et d'un vote en faveur d'un report jeudi. Mais il sera difficile de le gérer de manière ordonnée, sans se heurter aux élections européennes qui arrivent, auxquelles les Britanniques ne sont pas censés participer.
Quelles seraient les principales conséquences d'une sortie du Royaume-Unin de l'UE sans accord ?
Ce serait le pire scénario. Ni Londres ni les Etats membres de l'UE ne sont suffisamment préparés à cette éventualité. Il y aurait une hausse du coût des biens de consommation, notamment alimentaires importés au Royaume-Uni. On craint également des problèmes d’approvisionnement de médicaments.
Par ailleurs, de plus en plus d'entreprises, comme les firmes japonaises Nissan, Honda et Shionogi, ont annoncé qu'elles allaient quitter le pays. Un «no deal» multiplierait ces départs. La fébrilité économique est donc très forte.
Les Européens pourraient-ils accepter une demande britannique de report du Brexit ?
L'UE est favorable à une extension de la période de négociations si l'accord de retrait est rejeté par les parlementaires britanniques. Mais faut-il encore que ce report ait un objectif précis, par exemple celui de maintenir le Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE, et qu'il ne serve pas juste à gagner du temps. Tout l'enjeu sera donc de définir cet objectif et les conditions de ce report. Cette question serait alors discutée lors du conseil européen des 21 et 22 mars.
Par ailleurs, pour éviter de multiplier des extensions courtes, les Européens pourraient privilégier un report plus long, jusqu’à fin 2020. Mais cette hypothèse se heurte à l’échéance des élections européennes de mai prochain. Il faudrait en effet, dans ce cas-là, que les Britanniques y participent, alors que ce n'est pas prévu.