Dix-neuf personnes ont été tuées dans une attaque d'envergure des islamistes radicaux shebab à Mogadiscio, débutée par l'explosion d'une voiture piégée près d'un grand hôtel et suivie d'un siège de près de 22 heures des forces de sécurité contre un commando retranché dans un bâtiment adjacent.
Adoptant un modus operandi désormais éprouvé, les shebab, qui ont revendiqué l'attaque, ont fait exploser jeudi vers 21H00 (18H00 GMT) un véhicule piégé conduit par un kamikaze à proximité de l'hôtel, puis ont déployé un commando armé.
Le commando s'est réfugié dans un restaurant situé à côté de l'hôtel où ils ont tenu tête pendant de longues heures aux forces de sécurité qui tentaient de les neutraliser.
Peu avant 19h, Ismaïl Muktar, responsable du district Hamar Jajab qui englobe le secteur de l'hôtel, a annoncé à la presse que le siège était terminé.
«Le dernier terroriste a été tué lorsque les forces de sécurité ont détruit la pièce dans laquelle il s'était réfugié et le siège est à présent terminé», a-t-il déclaré. «Très rapidement, les opérations de déblaiement vont commencer», a-t-il ajouté.
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Le responsable n'a pas mentionné de bilan. Selon Abdikadir Abdirahman, le directeur du service d'ambulances privées de Mogadiscio, Aamin, au moins 19 personnes ont péri dans l'attaque.
«Nous avons récupéré 14 cadavres supplémentaires sous les décombres d'immeubles effondrés, ce qui porte à 19 le nombre total de victimes», a déclaré à l'AFP Abdikadir Abdirahman vendredi après-midi.
Par ailleurs, au moins 112 blessés ont été admis dans les trois principaux hôpitaux de la ville (33 à l'hôpital Medina, 24 à l'hôpital Daru al-shifa et 55 dans l'établissement Erdogan), selon des sources hospitalières.
L'explosion a fortement endommagé le grand hôtel Maka Al-Mukarama, la cible revendiquée des shebab qui voulaient y tuer des officiels somaliens.
«Il y a eu un attentat-suicide suivi de tirs, dans lesquels les combattants moudjahidine ont visé les commandants et les responsables du gouvernement somalien qui habitent l'hôtel», selon un communiqué du groupe affilié à Al-qaïda.
Frappes américaines
Des témoins de l'explosion ont décrit à l'AFP une scène de chaos dans cette rue de la capitale très fréquentée, y compris en début de soirée, quand les habitants ont fini le travail et profitent de la fraîcheur de la nuit tombée.
«Toute la zone était en feu», a résumé à l'AFP Abdsamed Mohamed, en décrivant la scène peu après l'explosion. Plusieurs véhicules stationnés dans la rue ont pris feu.
Abdullahi, un conducteur de tuk-tuk arrivé sur place peu après la détonation, a pour sa part confié sa frayeur : «Je jure devant Allah que je ne peux pas exprimer à quel point j'étais anxieux et choqué».
Les shebab mènent régulièrement des attaques d'envergure contre des hôtels de la capitale. En novembre 2018, l'explosion de deux voitures piégées devant un hôtel déjà pris pour cible en 2015 avait fait au moins 40 morts.
Sur les réseaux sociaux, des Somaliens, écoeurés par ce nouveau carnage, postaient des photos sur «l'autre face de Mogadiscio», montrant des immeubles flambant neufs et des terrasses fréquentées de bord de mer, lassés de voir leur capitale souvent réduite aux images de destruction des attaques shebab.
Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils.
Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
Les Etats-Unis, qui opèrent en coopération avec l'Union africaine et les forces de sécurité somaliennes, ont accru le nombre de leurs frappes aérienne contre le groupe: 35 en 2017, 47 en 2018 et déjà au moins 13 cette année selon le chef du commandement américain en Afrique.
Lundi, l'armée américaine a ainsi annoncé avoir conduit une frappe la veille ayant fait 35 mort dans les rangs shebab dans la région de Beledweyne (centre).