A cinq jours de la date butoir, Donald Trump a levé son ultimatum sur le commerce chinois après des «progrès» dans la négociation, relançant l'espoir d'un sommet avec le président chinois pour sceller un éventuel accord.
«Je suis heureux d'annoncer que les Etats-Unis ont fait des progrès significatifs (avec la Chine) sur des problèmes structurels importants comme la protection de la propriété intellectuelle, les transferts de technologies, l'agriculture, les services, les changes et de nombreux autres sujets», a annoncé dimanche le président américain sur Twitter.
«En conséquence (...) je reporterai la hausse des droits de douane (qui était) prévue pour le 1er mars», a-t-il poursuivi.
Peu après, Pékin a réagi dans des termes identiques, l'agence officielle Chine nouvelle faisant état de «progrès significatifs» et énumérant les mêmes domaines dans lesquels ces progrès ont été enregistrés.
M. Trump, qui ne décolère pas contre l'énorme déficit bilatéral des Etats-Unis (plus de 330 milliards de dollars), n'a pas dit quelle serait la durée de ce nouveau délai de grâce.
Mais lors d'un discours dimanche soir devant les gouverneurs des Etats américains, il a annoncé, «si tout va bien, (...) de très grandes nouvelles dans la semaine qui s'ouvre ou la suivante».
«Il s'agira de loin du plus grand accord commercial jamais conclu (...) Nous en sommes très proches», s'est-il félicité.
Donald Trump a indiqué une nouvelle fois sur Twitter qu'il rencontrerait son homologue chinois Xi Jinping pour conclure un accord «si les deux parties font des progrès supplémentaires».
Les deux hommes devraient se retrouver sur les terres du président en Floride, dans sa résidence privée de Mar-a-Lago, à une date qui n'est pas connue. La Chine n'a pas précisé si elle acceptait cette invitation.
A minuit et une minute le 2 mars, les Etats-Unis devaient imposer des droits de 25% sur 200 milliards de dollars d'importations annuelles de produits chinois, déjà taxés à 10%.
Toutefois le président américain avait laissé entendre depuis plusieurs jours qu'il était ouvert à une prolongation de la trêve conclue fin novembre si un véritable accord se dessinait.
Négociations sans interruption
Les négociateurs chinois et américains s'étaient retrouvés mardi dans la capitale américaine pour le quatrième tour de négociations depuis le début de l'année. Les pourparlers -y compris au niveau ministériel jeudi et vendredi- ont été prolongés de deux jours jusqu'à dimanche.
Vendredi, reçu par le président américain, Liu He, le négociateur en chef de Pékin lui avait remis une lettre dans laquelle le président chinois adoptait un ton positif.
Xi Jinping disait espérer que les discussions se poursuivent dans une atmosphère de «respect mutuel, de coopération» et dans un esprit «gagnant-gagnant» pour aboutir à un accord «mutuellement bénéfique».
Peu de détails concrets ont filtré des négociations et c'est le président lui-même qui semble en assurer la médiatisation.
M. Trump avait affirmé vendredi qu'un accord sur la monnaie avait été trouvé -les Américains se plaignent depuis longtemps que la monnaie chinoise est sous-évaluée- et son représentant pour le Commerce Robert Lighthizer avait évoqué «d'importants progrès» réalisés sur l'épineuse question des transferts de technologie imposés aux entreprise américaines en Chine. Le ministre américain de l'Agriculture avait aussi évoqué l'engagement des Chinois à acheter 10 millions de tonnes de soja.
«Ce n'est à l'évidence pas la fin de la négociation, encore moins des tensions sous-jacentes entre les deux pays», observe dans une note Louis Kuijs, spécialiste de l'Asie au cabinet Oxford Economics.
Parvenir à un accord sur la vérification des engagements de Pékin sera difficile, avertit-il.
«Les tensions en matière de technologie, à l'égard de la politique industrielle de la Chine et, plus généralement, de son émergence ne s'apaiseront pas dans un avenir prévisible», souligne l'économiste.
Outre les transferts de technologie, les Etats-Unis reprochent à la Chine d'autres pratiques commerciales «déloyales» et réclament des réformes structurelles pour y mettre fin: respect de la propriété intellectuelle, fin du piratage informatique et des subventions aux entreprises publiques.
L'optimisme affiché par le président devrait aider à soutenir les marchés boursiers dans le monde entier. La Bourse de Shanghai gagnait déjà plus de 5% lundi peu avant la clôture.
La Banque centrale américaine comme le Fonds monétaire international (FMI) ont mis en garde contre les conséquences délétères qu'une guerre commerciale prolongée pourrait avoir pour la croissance mondiale.