Maltraité durant des mois par d'autres enfants qui lui reprochaient son patronyme, Joshua Trump, 11 ans, a changé d'école, puis presque de nom de famille, avant d'être invité par Melania Trump à assiter au discours de Donald Trump au Congrès.
Devenu le symbole de la campagne de lutte contre le harcèlement animée par la First Lady, il est désormais une icône pour les anti-Trump, après la diffusion d'images le montrat endormi lors du discours présidentiel.
Il était notamment profondément endormi au moment ou Donald Trump vantait les mérites de son projet de construction d'un mur à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
«Joshua Trump, bienvenue dans la résistance», a notamment tweeté un internaute.
Joshua Trump, welcome to the resistance pic.twitter.com/kOJltEMykV
— M (@DJDOGPIC) 6 février 2019
«Tout le monde a besoin de temps de repos», a écrit un autre en référence au «executive time», le temps pour des activités personnelles allouées au président, qui représenteraient près de 60% de l'emploi du temps de Donald Trump.
JOSHUA TRUMP RULES pic.twitter.com/Opc88adMfB
— Josh Weinberg (@josh_weinberg) 6 février 2019
Un nom de famille porté comme un fardeau
Depuis la fin de la campagne de Donald Trump, le garçon de Wilmington, dans le Delaware, portait comme une croix ce nom de famille qu'il n'a pas choisi, capable aujourd'hui de déclencher une réaction physique chez certains Américains.
«On m'embêtait beaucoup», expliquait le garçon de 11 ans dans l'émission «Inside Edition» en décembre. «Ils me disaient : tu es de la famille de Trump ? Et je leur répondais : vous croyez que je serais ici si j'étais de sa famille ?»
Ses parents ont même décidé de le retirer de l'école en 2017 et de lui faire suivre un enseignement à domicile, avant de réintégrer le système scolaire pour démarrer l'équivalent du collège.
Mais il a suffi que l'un de ses professeurs fasse l'appel, dès le premier jour, pour que le cauchemar recommence pour Joshua Albert Trump.
Sa mère dit l'avoir changé de ligne de bus scolaire pour tenter d'échapper aux enfants qui s'en prenaient verbalement à lui, mais là encore, le chauffeur lui a demandé, dès le premier trajet, de décliner son identité.
Changer de nom
«Il disait qu'il se haïssait lui-même et qu'il détestait son nom de famille», se désolait sa mère, Megan Trump, dans un reportage de l'antenne locale de la chaîne ABC.
«Il se sent perpétuellement triste et ne veut plus vivre avec cette impression», ajoutait-elle. «Pour une mère, c'est terrifiant.»
Depuis, l'école a demandé à ses professeurs de ne plus prononcer le nom de famille de Joshua et, après enquête, dit avoir sanctionné cinq élèves, qui se sont excusés d'avoir harcelé le garçon.
«C'en est arrivé à un point où lui et l'école avaient décidé qu'il changerait de nom», pour prendre celui de son père, Berto, a expliqué à l'AFP Claudio Cerullo, fondateur du site TeachAntiBullying.org («Apprendre à lutter contre le harcèlement»), qui a été en contact avec Joshua. «Mais nous l'avons encouragé à ne pas le faire.»
L'organisation de Claudio Cerullo lui a remis publiquement une médaille mi-décembre pour saluer son «courage», ce qui a valu à TeachAntiBullying.org d'être contacté mi-janvier par la Maison Blanche, à la recherche de Joshua.
Mardi, Joshua fera partie des invités de Melania Trump au Congrès américain à Washington pour le discours solennel du président sur l'état de l'Union.
La Première dame a fait du harcèlement chez les enfants l'une de ses grandes causes, même si, au-delà de quelques apparitions publiques et tables rondes, son programme n'a produit que peu d'initiatives concrètes jusqu'ici.
«J'espère que cela va ouvrir les yeux de plus de gens sur ce sujet, parce qu'il ne concerne pas que Joshua Trump», confie Claudio Cerullo.
Reste le paradoxe que représente le couple présidentiel, Melania se battant contre le harcèlement tandis que son mari n'hésite pas à s'en prendre publiquement à de nombreuses personnalités et anonymes.
«La Première dame est dans une position très difficile», concède M. Cerullo, qui dit néanmoins espérer qu'elle ait «beaucoup d'influence sur son mari».