Le pape François arrive mercredi au Panama, où l'attendent quelque 200.000 jeunes catholiques de 150 pays, pour une nouvelle édition des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) axées sur les crises migratoires qui déchirent la région.
Pour le premier pape latino-américain de l'Histoire, ce bain de jouvence sur ses terres ressemble à une parenthèse au milieu du torrent de scandales d'abus sexuels secouant l'Église.
Drapeaux sur les épaules, chantant et multipliant les selfies, des groupes de pèlerins ont envahi cette capitale hérissée de gratte-ciels qui borde le Pacifique. «C'est celle-là, la jeunesse du pape !», scandent-ils.
Troisièmes JMJ pour François
François «nous parle à nous, les jeunes, d'une façon simple et il nous pousse à être de meilleurs chrétiens (...), à être de meilleurs citoyens dans nos pays respectifs», déclare à l'AFP James Muphy, 23 ans, originaire de Tonga.
Après Rio de Janeiro en 2013, l'année de son élection, Cracovie en 2016, Jorge Bergoglio, 82 ans, assistera aux troisièmes JMJ de sa papauté dans ce petit pays de quatre millions d'habitants, premier État d'Amérique centrale à les organiser.
L'avion papal doit quitter Rome à 9H35 locales (08H35 GMT) et atterrir à 16H30 locales (21H30 GMT) à Panama.
Le souverain pontife ne manquera pas d'y aborder des sujets propres à cette région, comme la pauvreté, la corruption ou l'émigration.
Mardi soir, lors de la messe de bienvenue, l'archevêque de Panama, Mgr José Domingo Ulloa a dit espérer que cette visite «soit un baume pour la situation difficile» que connaissent de nombreux jeunes.
Parmi eux, ceux qui émigrent «à cause des perspectives quasi nulles dans leur pays d'origine, qui les poussent à placer leurs espoirs dans d'autres pays, les exposant au narcotrafic, la traite d'êtres humains, la délinquance et tant d'autres maux», a-t-il ajouté.
Des caravanes de milliers de migrants centraméricains marchant désespérément vers les États-Unis, à l'exode massif de Vénézuéliens fuyant la crise économique et politique dans leur pays, l'année 2018 a été marquée par des flux migratoires sans précédent dans la région.
Bain de foule
Autre sujet d'importance sur ce continent qui compte le plus de catholiques au monde : la progression des églises évangéliques. À un jet de pierre de la cathédrale de Panama où le pape officiera samedi prochain, pas moins de six temples évangélistes dans un rayon de 200 mètres tiennent la paroisse catholique d'un quartier populaire en virtuel état de siège.
Avant le coup d'envoi de cette 34e édition des JMJ (un rendez-vous institué par Jean Paul II), le pape François a demandé aux jeunes via un message vidéo de se mettre au service des autres, «une révolution qui peut vaincre les grandes puissances» et «changer le monde».
Le septième voyage du pape argentin sur ses terres d'Amérique latine comprendra jeudi, au lendemain de son arrivée, des rencontres avec les autorités gouvernementales du Panama puis avec les évêques du pays, avant un premier bain de foule avec des jeunes au bord de l'océan. D'ici à son départ dimanche, François se rendra aussi dans un centre accueillant des jeunes atteints du sida, ainsi que dans une prison pour mineurs.
Son déplacement s'inscrit dans le prolongement d'une assemblée mondiale d'évêques (synode) consacrée spécifiquement aux jeunes en octobre. Les prélats avaient été appelés à mieux écouter une génération qui fuit l'Église, bousculée ces derniers mois par les scandales d'abus sexuels.
Si aucune rencontre avec des victimes d'agressions par le clergé ne figure au programme officiel à Panama, deux Costariciens ont demandé à rencontrer le pape. Ils disent avoir été victimes d'un prêtre et accusent l'archevêque de San José d'avoir couvert ces crimes.
Le dernier voyage du pape sur son continent l'avait mené en janvier 2018 au Chili, où il avait maladroitement soutenu un évêque soupçonné d'avoir tu les agissements d'un vieux prêtre pédophile. Le déplacement s'était transformé en fiasco et avait marqué un tournant dans sa papauté.
François, qui n'a eu de cesse depuis lors d'affirmer son intransigeance face aux «abominations» de la pédophilie, prépare pour la fin février au Vatican une réunion mondiale de prélats, très attendue, sur «la protection des mineurs» au sein de l'Église.