Des images qui choquent les Etats-Unis. Des adolescents ont été filmés en train de se moquer d’un vétéran amérindien lors d’une manifestation.
Nathan Phillips, un vétéran de la guerre du Vietnam, participait à la Marche des peuples autochtones vendredi 18 janvier à Washington lorsqu’il s’est retrouvé au milieu d’élèves d’une école privée catholique du Kentucky, venus participer à une manifestation anti-avortement.
Casquettes pro-Trump
Les images montrent l’homme de 64 ans chanter l’hymne de l’AIM (American Indian Movement), tout en jouant du tambour, tandis que les adolescents, qui portent des casquettes au slogan de Donald Trump («Make America Great Again»), se moquent ouvertement. L’un des garçons se retrouve positionné à quelques centimètres de Nathan Phillips, le regardant fixement pendant de longues secondes. Une autre vidéo, filmée d'un autre angle, montre que c'est Nathan Phillips qui va au devant du groupe d'élèves.
Here is a video clearly showing that Nathan Phillips approached the students. On the basis of the evidence we now have, I believe that people who issued categorical and one-sided condemnations of the students should retract and apologize. pic.twitter.com/GxmXcMuQgC
— Matthew Schmitz (@matthewschmitz) 20 janvier 2019
Peu après cette scène, Nathan Phillips explique avoir entendu des jeunes crier «Construis ce mur, construis ce mur» (une référence au mur que souhaite construire Donald Trump, ndlr). «Ce sont des terres indigènes. Il ne devrait pas y avoir de murs», souligne-t-il.
Interrogé par le Washington Post, le vétéran a également ajouté que la tension était subitement montée à l’arrivée des participants à la manifestation anti-IVG voisine. Et de poursuivre : «La situation devenait moche et je me disais : ‘je dois trouver une issue à cette situation et finir ma chanson au Lincoln Memorial’ […] mais le gars avec la casquette m’a bloqué le passage».
La scène a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux, notamment par la députée Deb Haaland, l’une des premières femmes amérindiennes élues au Congrès, à l’automne dernier. «Ce vétéran a risqué sa vie pour notre pays. La haine flagrante, l’irrespect et l’intolérance manifestés par ces étudiants est un signe du déclin et de l’indécence de ce mandat. J’ai le cœur brisé», a-t-elle ainsi écrit sur Twitter.
This Veteran put his life on the line for our country. The students’ display of blatant hate, disrespect, and intolerance is a signal of how common decency has decayed under this administration. Heartbreaking. https://t.co/NuPnYu9FP4
— Congresswoman Deb Haaland (@RepDebHaaland) 19 janvier 2019
L’établissement catholique a condamné le comportement de ses élèves et indiqué qu’une enquête était en cours. «Nous prendrons les mesures appropriées», a-t-elle souligné, évoquant de possibles exclusions.
L'élève se défend
De son côté, l’élève que l’on voit afficher un air de défi dans la vidéo s’est longuement exprimé dans un communiqué. Selon sa version, c’est le vétéran qui s’est approché si près de lui, et non l’inverse. «Je ne lui ai pas parlé, je n’ai eu aucun geste agressif envers lui», assure-t-il, rejetant toute accusation de racisme.
Just in: Statement of Nick Sandmann, Covington Catholic High School junior, about the event at the Lincoln Memorial: pic.twitter.com/PkuMh2cVZM
— Jake Tapper (@jaketapper) 20 janvier 2019
Il explique par ailleurs le contexte dans lequel les vidéos ont été capturées : ce jour-là, trois manifestations se retrouvaient au même endroit : la manifestation anti-IVG, la Marche des peuples autochtones et un rassemblement de religieux hébreux. Selon l'adolescent, c'est ce dernier groupe qui aurait proféré des insultes, à l'encontre de son école mais aussi des Améridiens.