Huit groupes siègent actuellement au Parlement européen. Rassemblant les eurodéputés élus en 2014, ils sont organisés en fonction de leurs affinités politiques, et non de leur nationalité.
Pour former un groupe politique au Parlement - composé aujourd'hui de 751 membres -, il faut au minimum 25 députés européens, originaires d'au moins sept Etats membres de l'UE. En mai prochain, à l'issue des élections européennes, les candidats élus pourront rejoindre l'un des huit groupes politiques siégeant actuellement dans l'hémicycle ou bien en créer un.
Le parti populaire européen (PPE)
Depuis 1999, le Parti populaire européen (PPE), situé au centre-droit de l'échiquier politique, est le plus grand groupe du Parlement européen. Il compte actuellement 217 députés, représentant tous les Etats membres de l’UE sauf le Royaume-Uni. Ce groupe europhile compte dans ses rangs le parti français Les Républicains (LR) ou encore la CDU de la chancelière allemande Angela Merkel.
On y trouve également le Fidesz, le parti de Viktor Orban. Accusé de bafouer l'Etat de droit dans son pays, le sort du Premier ministre hongrois déchire les membres du PPE. En novembre, ces derniers ont choisi l'Allemand Manfred Weber comme tête de liste à la présidence de la Commission européenne (le «Spitzenkandidat»), pour remplacer le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, lui aussi membre du PPE.
L'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D)
Classée à gauche, l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) réunit les partis européens sociaux-démocrates, socialistes, travaillistes et démocrates. En France, le Parti socialiste (PS) est membre de ce groupe europhile. Il constitue la deuxième force politique de l'hémicycle, avec 187 députés qui représentent l'ensemble des 28 Etats membres de l'UE.
C'est le Néerlandais Frans Timmermans, actuellement premier vice-président de la Commission européenne, qui conduira le groupe S&D lors des européennes en mai prochain. Lors de leurs congrès début décembre, les socialistes ont insisté sur plusieurs enjeux qu'ils développeront lors de la campagne, tels que «l’Europe sociale», «l’égalité des sexes», «une nourriture et un environnement sains» ou encore «une politique migratoire et d'asile juste».
Les Conservateurs et réformistes européens (CRE)
Né en 2009, le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) a été créé à l'initiative du Parti conservateur britannique, après que celui-ci a quitté le PPE pour ses positions plus critiques vis-à-vis de l’UE. Il a depuis été rejoint par le parti de droite ultraconservateur polonais Droit et justice (PiS), au pouvoir dans le pays depuis 2015, et par la Nouvelle alliance flamande (N-VA), un parti nationaliste flamand qui a obtenu le plus de voix outre-Quiévrain lors des élections législatives de 2014.
Troisième force politique au Parlement européen avec 72 députés, cette alliance ultralibérale, conservatrice et eurosceptique risque de souffrir en mai prochain, car le Brexit le privera de ses membres britanniques. C'est le Tchèque Jan Zahradil qui mènera le CRE lors de ces élections, alors que le groupe vient d'obtenir le soutien du parti français de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France.
L'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE)
C'est sans aucun doute le groupe le plus pro-européen du Parlement. Prônant une Europe fédérale - à l'opposé d'une Europe des nations dont les eurosceptiques sont partisans -, l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE), est aujourd'hui le quatrième groupe le mieux représenté dans l'hémicycle européen, juste derrière le CRE, avec 70 députés.
Placée au centre de l'échiquier politique, l'ALDE compte dans ses rangs en France l'UDI et le MoDem. Le parti d'Emmanuel Macron, La République en marche (LREM), a annoncé début novembre à Madrid son ralliement à ce groupe politique libéral. Ce dernier présentera une équipe à la tête de la Commission européenne, et non un candidat unique comme le PPE ou le S&D.
Le Groupe des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE)
Fondé en 2004, le groupe des Verts/Alliance libre européenne est actuellement la cinquième force politique au Parlement, avec 52 députés provenant de 18 pays. En est membre en France le parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Yannick Jadot, qui avait obtenu 16 % des voix en 2009, ce qui l'avait placé en troisième position derrière l'UMP (devenu LR) et le PS.
Le député européen, tête de liste EELV pour ces européennes, a refusé le 20 décembre dernier l'offre de l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal, qui avait proposé d'être numéro deux d'une liste écologiste liée au PS. Afin de respecter la parité hommes-femmes, le groupe des Verts/Alliance libre européenne a élu fin novembre un duo pour conduire sa campagne des européennes 2019, composé de l'Allemande Ska Keller et du Néerlandais Bas Eickhout.
Le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL)
A l'extrême-gauche, le groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) est la sixième force politique du Parlement européen, avec 51 députés issus de 14 Etats membres. Ses membres proviennent principalement de partis communistes ou situés à l'aile gauche des partis socialistes. Ainsi, en France, le Parti communiste (PCF) et La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon font partie de ce groupe.
Mais une scission est en cours. Le 12 avril dernier, La France insoumise, le parti espagnol Podemos et le Bloc de gauche portugais, membres du GUE/NGL, ont créé un nouveau mouvement, nommé Maintenant le peuple, qui compte présenter des listes concurrentes au GUE/NGL aux européennes de mai prochain. Ils ont depuis été rejoints par trois autres partis : l’Alliance rouge-verte (Danemark), le Parti de gauche (Suède) et l’Alliance de gauche (Finlande). Ce nouveau mouvement promeut le souverainisme des peuples et veut lutter contre «les politiques d’austérités imposées par Bruxelles».
Le Groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD)
Une force politique en grand danger. Mené par le parti nationaliste britannique de Nigel Farage, l'Ukip, le groupe eurosceptique et populiste Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD), composé de 42 eurodéputés dont 19 Britanniques, ne semble pas en mesure à l'heure actuelle de survivre aux prochaines élections européennes. En effet, quasiment la moitié de ses députés vont disparaître suite au Brexit, alors qu'il en faut au minimum 25 pour constituer un groupe.
De plus, alors qu'ils sont aujourd'hui affiliés à l'ELDD, les eurodéputés du Mouvement 5 étoiles du vice-premier ministre italien Luigi Di Maio ne savent pas encore dans quel groupe ils siégeront à l'avenir, car le parti mêle positions eurosceptiques et politiques de gauche. C'est le cas également du parti nationaliste allemand AfD (Alternative pour l'Allemagne). Mais le groupe souverainiste peut toujours compter sur le soutien en France des Patriotes, le parti de Florian Philippot, ancien bras droit de Marine Le Pen au Front national (devenu Rassemblement national), qui siège au sein de l'ELDD.
Le Groupe Europe des nations et des libertés (ENL)
Troisième force nationaliste du Parlement (avec le CRE et l'ELDD), le groupe Europe des nations et des libertés (ENL) est le plus petit mouvement siégeant dans l'hémicyle, avec 34 députés. Né le 15 juin 2015, sa création aura nécessité un an de travail, afin de ressembler des députés européens d'extrême-droite issus d'au moins sept pays, comme c'est la règle pour créer un groupe politique.
Parmi les partis phares de l'ENL, on peut citer le Rassemblement national de Marine Le Pen, la Ligue du ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini, qui va représenter le groupe pour ces européennes 2019, le FPÖ, le parti d'extrême-droite qui gouverne en Autriche avec les conservateurs, et le PVV (Parti pour la liberté) néerlandais de Geert Wilders, principal parti d'opposition dans le pays. L'ENL concentre son discours sur la souveraineté et l’identité nationales, ainsi que sur ses positions anti-immigration.
Les «non-inscrits»
Ils sont aujourd'hui 23 députés «non-inscrits» au Parlement européen, c'est-à-dire rattachés à aucun groupe politique. Ils proviennent principalement de partis nationalistes d'extrême-droite, comme Aube dorée en Grèce. Trois eurodéputés français, tous classés à la droite de la droite, sont dans ce cas-là : Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et Sophie Montel.