Les forces de sécurité ont tué samedi «40 terroristes» dans plusieurs raids en Egypte, au lendemain d'un attentat meurtrier contre un bus de touristes vietnamiens près du Caire, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Les raids ont été menés contre des combattants jihadistes présumés à Guizeh, lieu de l'attaque de vendredi, et dans le Sinaï (est), selon le ministère qui précise que 30 d'entre eux ont été tués à Guizeh. «Ils planifiaient une série d'agressions contre le secteur du tourisme, les lieux de culte chrétiens et les forces de sécurité».
Vendredi 28 décembre, quatre personnes, trois touristes vietnamiens et leur guide égyptien, ont été tuées dans l'attaque à la bombe de leur bus, près du site des Pyramides au Caire. Douze autres personnes ont été blessées, parmi lesquelles le chauffeur du car.
Depuis février dernier, les forces de sécurité mènent une offensive contre l'EI, notamment dans la région du Nord-Sinaï, où environ 500 jihadistes sont morts selon l'armée.
Les attaques se sont multipliées en Egypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, en particulier contre les forces de sécurité et la minorité chrétienne copte.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a décrété l'Etat d'urgence après des attaques contre des églises en avril 2017, une mesure sans cesse renouvelée depuis.
L'attentat de vendredi est le premier contre des touristes depuis juillet 2017. Le secteur crucial du tourisme a souffert de l'instabilité politique et des attentats de groupes extrémistes, dont l'EI, à la suite du soulèvement populaire de janvier 2011 qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak.
«L'attaque sape le message très déterminé du gouvernement égyptien selon lequel le pays est sûr pour les touristes», a déclaré à l'AFP Zack Gold, spécialiste des questions de sécurité au Moyen-Orient et analyste au centre de recherches CNA, basé aux Etats-Unis.
Après ce type d'attaques, les autorités égyptiennes annoncent de manière quasi-systématique des raids et la mort de «terroristes».
Comme à l'accoutumée, les médias égyptiens ont relayé samedi, à la télévision et sur les réseaux, les photos des jihadistes présumés tués. Elles montrent des hommes ensanglantés, une arme à la main, le visage flouté, gisant dans des cachettes rudimentaires.
Mais ces médias, sous contrôle étroit de l'Etat, ont évoqué de manière succincte l'attentat, un sujet sensible en Egypte où le pouvoir se présente comme un allié majeur des puissances occidentales dans la lutte antiterroriste.
«Très choqués»
«Nous avons tous été très choqués», a confié à l'AFP Nguyen Nguyen Vu, 47 ans, frère de l'une des touristes tuées, Nguyen Thuy Quynh, âgée de 56 ans.
Il dit avoir appris la nouvelle dans la nuit, par un appel de son beau-frère, Le Duc Minh blessé et hospitalisé à l'hôpital Al-Haram, près du lieu du drame.
Nguyen Nguyen Vu compte obtenir un visa pour se rendre rapidement au Caire et «ramener (sa) soeur à la maison».
Selon Saigon Tourist, la société de voyages qui a organisé le séjour, les touristes se rendaient dans un restaurant pour dîner au moment de l'attaque. Des responsables de la compagnie sont attendus au Caire.
Le ministère du Tourisme égyptien a annoncé être en contact avec l'ambassade du Vietnam pour «faciliter les procédures de voyage des familles de blessés qui souhaitent se rendre en Egypte».
La plus importante attaque récente contre des touristes, qui a porté le coup le plus dur au secteur du tourisme, remonte au 31 octobre 2015.
L'EI avait revendiqué un attentat à la bombe ayant coûté la vie aux 224 occupants d'un avion russe transportant des touristes russes, après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh dans le Sinaï.
L'Egypte avait enregistré récemment un regain dans le secteur du tourisme, avec 8,2 millions de visiteurs en 2017, selon les chiffres officiels. Mais le pays est encore loin des 14,7 millions de touristes de 2010.