Au moins sept personnes ont été tuées et sept blessées vendredi en Egypte dans un attentat revendiqué par Daesh contre un bus transportant des fidèles chrétiens coptes, près d'un an après sa dernière attaque contre communauté.
Les fidèles coptes, qui venaient d'effectuer un pèlerinage au monastère de Saint-Samuel, dans la province de Minya (quelque 200 km au sud du Caire), ont été attaqués près de ce lieu alors qu'ils rentraient chez eux en bus. «Les auteurs de l'embuscade tendue à des visiteurs (chrétiens) sur la route du 'monastère de Saint-Samuel' à Minya sont des combattants de Daesh», a indiqué l'organe de propagande des jihadistes Amaq, dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram. Daesh a déjà revendiqué une série d'attaques meurtrières contre des coptes depuis décembre 2016, faisant une centaine de morts. La dernière en date remonte à fin 2017.
«Une profonde tristesse»
«Un bus transportant des coptes a été attaqué près du monastère Saint-Samuel (...) faisant sept morts et sept blessés», a déclaré une source des services de sécurité.«Des tirs ont visé un bus transportant un groupe de coptes durant leur retour du monastère de Saint-Samuel», a précisé le parquet général, annonçant l'ouverture d'une enquête et l'envoi d'une équipe sur place.
Joint par téléphone, l'évêque Makarios de la province de Minya a précisé que le bus se rendait à Sohag, à 500 km au sud du Caire. Selon la télévision d'Etat, les forces de sécurité étaient à la poursuite des auteurs de l'attaque. «Mes condoléances, avec une profonde tristesse, aux martyrs qui sont tombés aujourd'hui entre les mains de traitres (...)», a écrit le président Abdel Fattah al-Sissi sur Twitter. «Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés et je confirme notre détermination à continuer de combattre le terrorisme noir et d'en poursuivre les auteurs», a-t-il ajouté.
La dernière attaque meurtrière contre des fidèles coptes remonte à décembre 2017, lorsqu'un jihadiste de Daesh avait tué neuf personnes dans une église de la banlieue sud du Caire.
Cible de choix
La série noire a frappé les coptes depuis fin 2016. En décembre 2016, un attentat suicide, revendiqué par Daesh, contre une église du Caire, contiguë à la cathédrale Saint-Marc, siège du pape de l'Eglise copte orthodoxe Tawadros II, avait fait vingt-neuf morts. En mai 2017, vingt-six pèlerins coptes, dont de nombreux enfants, avaient été tués à Minya par des hommes armés, alors qu'ils voyageaient eux aussi à bord d'un bus dans le même secteur que l'attaque de vendredi.
Des hommes masqués avaient ordonné aux chrétiens de descendre de l'autocar et d'abjurer leur foi, avant de les exécuter. L'Egypte avait alors répondu à cette attaque par des frappes aériennes contre des camps jihadistes en Libye voisine. En avril, deux autres attentats de Daesh, perpétrés par des kamikazes contre deux églises à Tanta et Alexandrie (nord), avaient fait quarante-cinq morts.
Le président Sissi avait alors décrété l'Etat d'urgence. Celui-ci a été sans cesse renouvelé depuis. Par ailleurs, sous la menace d'extrémistes, des dizaines de familles coptes ont fui en février la région du Nord-Sinaï, théâtre d'une insurrection de Daesh.
Les extrémistes ont régulièrement attaqué les forces de sécurité, notamment depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Des centaines de policiers et soldats ont été tués en cinq années d'affrontements dans une région entièrement bouclée et totalement inaccessible pour la presse. En février 2018, l'armée a lancé une vaste offensive contre les jihadistes dans le Sinaï. En octobre, elle revendiquait dans cette opération un bilan de plus de 450 jihadistes tués.
La communauté copte est la communauté chrétienne la plus importante et la plus ancienne du Moyen-Orient, avec environ 10% des quelque 100 millions d’Égyptiens. Les coptes représentent une cible de choix pour les jihadistes de Daesh et des islamistes extrémistes. Ces derniers les accusent de soutenir le président Sissi après que ce dernier, alors chef de l'armée, eut destitué Mohamed Morsi.