Le candidat démocrate texan Beto O'Rourke, déjà comparé à Obama et Kennedy, suscite l'espoir chez les anti-Trump, qui voient en lui celui qui pourrait battre l’actuel président américain en 2020.
Peu importe sa défaite en novembre dernier face à Ted Cruz, indéboulonnable gouverneur du Texas, le candidat démocrate apparaissait comme l'un des challengers potentiels à l'investiture de son parti pour 2020.
Considéré comme une étoile montante de la scène politique américaine, Beto O'Rourke fait néanmoins pâle figure face à ses concurrents. Dans le trio de tête des candidats démocrates dans les sondages il y a quelques mois, il peine aujourd'hui à dépasser les 5% d'intentions de votes. Un retard qu'il peut encore rattraper avec des arguments de taille.
Racines texanes
Robert Francis O’Rourke naît à El Paso, ville texane à la frontière avec le Mexique, à la fin des années 1970 dans une famille d'origine installée depuis des générations. Fils de magistrat, «Beto» - diminutif populaire de Roberto dans la région, parle donc couramment l’espagnol … ou presque.
Lors du premier débat télévisé de la campagne, le candidat avait déclamé une partie de son discours en espagnol avec un accent approximatif. Cet appel du pied plutôt maladroit du texan envers la communauté hispanique avait été massivement raillé par les internautes.
Après des études en Virginie et dans la prestigieuse université de Columbia, le jeune homme revient dans sa ville natale pour fonder une start-up en 1988. Il y fera ses premières armes en politique, d’abord au conseil municipal, avant d'être élu représentant de l'Etat au Congrès américain en 2013.
Sa défaite face à Ted Cruz a fait de lui une star
Farouche opposant à la politique d’immigration de Donald Trump, Beto O'Rourke, 46 ans, marié et père de trois enfants, s’est imposé dans la campagne présidentielle avec un discours positif et rassembleur, qui a parlé à beaucoup d’Américains, au-delà des frontières de son Texas natal.
«Ce sera une campagne positive qui cherche à faire ressortir le meilleur de chacun d'entre nous, qui cherche à unir un pays divisé», avait lancé le quarantenaire en mars lors de sa déclaration de candidature.
Au Texas, bastion conservateur par excellence, le démocrate candidat malheureux aux élections de mi-mandat face au solide Ted Cruz, avait en effet mené une campagne sur des thèmes résolument progressistes, ce qui lui a attiré la sympathie des anti-Trump. Devant ses électeurs, il met ainsi l'accent sur la réforme de l'immigration, la légalisation de la marijuana et l'accès aux hôpitaux en milieu rural.
En se filmant en direct sur Facebook en train de conduire, de rencontrer des électeurs avec un look décontracté ou de faire du skate, le candidat avait réussi à dépoussièrer la politique classique protocolaire. Son jeune âge pour un homme politique, ses manches retroussés et son sourire charmeur évoquait même pour beaucoup le style de Robert F. Kennedy, le frère de JFK.
Beto O'Rourke, qui refuse le soutien financier d'organisations et de lobbies, avait de plus réussi l'exploit de recueillir 80 millions de dollars de dons d’électeurs - un record - et de voir ses extraits de ses discours repartagés des millions de fois sur le web.
Un candidat rock'n'roll
A l'université, Beto O'Rourke a fait partie d’un groupe de punk-rock. Une jeunesse complètement assumée qui est même devenu un argument de campagne. «Quand vous enregistrez vous-même, organisez vos tournées et écrivez vos chansons, vous avez le contrôle sur ce que vous dîtes. (…) Une campagne, c'est la même chose», avait-il déclaré l'année dernière au site américain Vox.
Dans les années 1990, O'Rourke avait été arrêté pour cambriolage après avoir franchi la clôture de l'université d'El Paso. Ne reculant devant aucune occasion de le descendre en flèche, le parti Républicain avait publié sur Twitter, fin août, une photo du candidat démocrate lors d'une autre interpellation par la police en 1998 pour conduite en état d'ivresse.
Âgé de 26 ans à l’époque, Beto O'Rourke avait percuté un autre véhicule et tenté de prendre la fuite avant d'être arrêté. Un épisode dont il n’est pas fier, mais qu’il n’a jamais cherché à cacher. Son honnêteté et son côté rock’n’roll semblent même finalement lui servir dans la course à la Maison-Blanche.