Deux des institutions les plus respectées des Etats-Unis, le Capitole et la Cour suprême, sont devenues samedi le centre de la colère ressentie par les adversaires du juge Brett Kavanaugh lors de sa confirmation par le Sénat puis de sa prestation de serment.
Des manifestants étaient descendus dans les rues de Washington pour protester contre ce juge, accusé par une femme d'avoir commis une agression sexuelle en 1982, mais qui se dit innocent.
Plusieurs centaines de manifestants, principalement des femmes, ont franchi les barrière métalliques que les autorités avaient exceptionnellement fait disposer autour du Capitole et ont envahi l'escalier monumental du vaste édifice.
«C'est notre Cour, ce sont nos marches, ce sont nos institutions», a déclaré à l'AFP Jessica Campbell-Swanson, 35 ans, après être descendue de la grande statue en marbre de la Justice qui se trouve devant la Cour suprême et qu'elle avait escaladée.
Pour exprimer leur colère, certains manifestants ont frappé de leurs poings sur les portes de bronze du bâtiment de la Cour suprême.
Des centaines de personnes ont scandé des slogans comme «Pas de justice, pas de siège» ou «Votez contre eux» et brandi des pancartes hostiles au juge Kavanaugh.
Finalement, la police a éloigné les protestataires du bâtiment et les a tenus à distance. Plusieurs dizaines de manifestants ont été arrêtés.
Interruptions du vote
Auparavant, le vote de confirmation du Sénat a été interrompu à de multiples reprises par des protestataires qui criaient leur hostilité depuis la galerie réservée au public, certains criant «Lâche!» aux sénateurs ou sénatrices qui votaient pour le juge Kavanaugh.
Ces manifestants ont été, après chaque interruption, évacués de la galerie par les forces de sécurité.
Plus tard, lorsque le vice-président américain Mike Pence, qui présidait le vote, est sorti du Sénat, il a été hué jusqu'à ce qu'il ait gagné sa voiture.
Des manifestations ont aussi eu lieu samedi dans d'autres villes des Etats-Unis, dont Seattle.
La confirmation tumultueuse du juge Kavanaugh est intervenue dans une Amérique politiquement très polarisée et mobilisée par le mouvement MeToo sur la question des agressions sexuelles.
Des femmes victimes d'agression ont été au premier rang des protestations contre la nomination du juge Kavanaugh par Donald Trump.
«Je suis ici parce que le président Trump s'est moqué des victimes d'agression sexuelle», a déclaré Kara Harrington, 50 ans, originaire de Caroline du Nord.
Elle faisait allusion au fait que pendant un rassemblement électoral, M. Trump avait tourné en dérision les imprécisions relevées dans le témoignage de Christine Blasey Ford, l'accusatrice de Brett Kavanaugh.
Mme Harrington tenait une pancarte sur laquelle était écrit «Honte» et se trouvait avec sa fille et son mari devant un cordon de police près des marches de la Cour suprême.
«Ca a déclenché quelque chose en moi. J'ai été agressée quand j'étais plus jeune et je ne l'avait dit à personne», a-t-elle déclaré.
De l'autre côté de la rue, un homme portait un t-shirt marqué «Trump 2020». Chuck Thompson, 41 ans, a dit que lui et son épouse étaient arrivés dernièrement de Géorgie pour visiter Washington pour leur 20e anniversaire de mariage et qu'ils avaient trouvé une ville en pleine protestation.
Il a déclaré ne pas croire que la nomination du juge Kavanaugh et la tempête qu'elle a déclenchée puisse favoriser les démocrates aux élections de mi-mandat qui se tiennent en novembre.
«Tout ça va se retourner» contre eux, a-t-il prédit.