Le navire humanitaire Aquarius accostera à Malte pour y débarquer ses 58 migrants naufragés en Méditerranée, qui seront ensuite accueillis par la France, l'Espagne, le Portugal et l'Allemagne, en vertu d'un accord entre ces gouvernements européens.
Aux termes de cet accord, la France accueillera 18 de ces migrants, l'Allemagne et l'Espagne 15 chacune et le Portugal 10, a précisé une source gouvernementale française à l'AFP.
Le Premier ministre français, Édouard Philippe, s'est félicité dans un communiqué de ce qu'"une solution européenne a été trouvée, humaine et efficace" et il a affirmé que "la France a une nouvelle fois pris ses responsabilités.
Le gouvernement français a été critiqué, notamment à gauche, pour ne pas avoir autorisé le débarquement des migrants à Marseille, port du sud-est de la France.
Emmanuel Macron a expliqué mardi à New York qu'il devait tenir compte des "tensions" politiques pour gérer l'accueil des migrants de l'Aquarius, en assumant sa décision de ne pas "céder aux bons sentiments".
"Je suis conscient des tensions qui existent dans notre pays" sur la question des migrants, a déclaré le chef de l'Etat français face à la presse au siège de l'ONU à New York.
"J'ai conscience parfois de donner le sentiment de ne pas céder à des bons sentiments faciles" mais "si je suivais cette voie, elle nourrirait les extrêmes xénophobes dans notre pays et elle ne réglerait pas durablement la situation", a-t-il ajouté.
"Les 58 migrants à bord de l'Aquarius seront transbordés sur un navire maltais dans les eaux internationales et conduits à Malte", avait auparavant annoncé le Premier ministre maltais Joseph Muscat sur son compte Twitter.
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Le Portugal avait fait part de son côté de sa volonté d'accueillir 10 des 58 migrants "dans le cadre de la réponse solidaire au flux de migrants qui cherchent à rejoindre l'Europe à travers la Méditerranée;"
Cette décision a été prise "de façon solidaire et concertée avec l'Espagne et la France", a souligné le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
L'Aquarius, qui s'est vu retirer son pavillon par le Panama, est le dernier navire humanitaire à parcourir la mer Méditerranée pour recueillir des migrants qui tentent la traversée clandestine vers l'Europe, selon l'ONG qui l'a affrété, SOS Méditerranée.
Lundi, le navire avait mis le cap sur le port de Marseille dans l'espoir que les autorités françaises permettent "à titre exceptionnel" le débarquement des 58 migrants qui se trouvent à son bord. Parmi ces naufragés "épuisés" et "en détresse psychologique", se trouvent 17 femmes et 18 mineurs, d'après l'ONG.
Cependant, le gouvernement français a suggéré mardi matin que le navire accoste plutôt à Malte. "On est clair sur le fait qu'il ne faut pas faire quatre ou cinq jours de mer (...) Il faut le faire débarquer rapidement et il est aujourd'hui proche de Malte", avait déclaré une source du palais de l'Élysée.
La gauche française était aussitôt montée au créneau pour dénoncer une attitude jugée "irresponsable" et "inacceptable" de la part du gouvernement.
- 'Raisons humanitaires' -
"Le Portugal continue de défendre une solution européenne intégrée, stable et permanente pour répondre à ce défi migratoire" mais a décidé de recevoir ces migrants "pour des raisons humanitaires", a expliqué le ministère portugais de l'Intérieur.
Lisbonne figurait déjà parmi les pays européens prêts à recevoir les migrants de l'Aquarius, à la mi-août, et d'une autre embarcation humanitaire, le Lifeline, à la fin juillet.
En juin déjà, ce même Aquarius avait été au cœur d'une crise diplomatique, après avoir récupéré 630 migrants au large de la Libye, débarqués en Espagne après le refus de l'Italie et de Malte de les accepter.
"L'Aquarius est le seul navire civil en Méditerranée centrale, qui est la route maritime la plus mortelle du monde", avec "plus de 1.250 noyés" depuis le début de l'année, a fait valoir SOS Méditerranée.
Les autres navires humanitaires, qui étaient encore une dizaine il y a un peu plus d'un an au large de la Libye, ont quitté la zone pour des raisons diverses. Le Lifeline est bloqué à Malte, où les autorités ont ouvert une enquête administrative, tandis que le Iuventa, soupçonné de collusion avec des passeurs, a été saisi par les autorités italiennes en août 2017.