Le chef d'état-major de l'armée de l'Air israélienne doit emmener jeudi une délégation à Moscou, pour éclaircir les circonstances dans lesquelles un avion russe a été accidentellement abattu par son allié syrien lors d'un raid israélien.
Lundi soir, la défense antiaérienne syrienne avait visé par erreur un Illiouchine-20 au-dessus de la Méditerranée, tuant les 15 militaires qui étaient à son bord. Au même moment, des missiles israéliens ciblaient des dépôts de munitions dans la province de Lattaquié (nord-ouest).
L'armée israélienne se veut transparente. Le général Amikam Norkin doit présenter "le rapport de situation de cette soirée [...] concernant tous ses aspects", a-t-elle indiqué dans un communiqué. La Russie avait d'abord accusé les pilotes israéliens de s'être servis de l'appareil russe comme couverture pour échapper aux tirs syriens.
Faux, a rétorqué Israël: non seulement l'avion russe était loin des lieux où les appareils israéliens attaquaient l'armée syrienne, mais de plus il a été atteint à un moment où ces appareils avaient déjà regagné l'espace aérien de leur pays.
Lors d'une conversation téléphonique mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé sa "tristesse" au président russe Vladimir Poutine. Et il lui a proposé son aide dans l'enquête.
Paraissant plus conciliant, M. Poutine a parlé d'"un enchaînement de circonstances accidentelles tragiques" puis "exhorté le camp israélien à ne pas permettre que ce genre de situations se reproduise", selon un communiqué du Kremlin.
"Incident malheureux"
Mais le président syrien Bachar al-Assad ne décolérait pas mercredi. "Cet incident malheureux est le résultat de l'arrogance et de la dépravation israélienne", a-t-il accusé, dans une lettre de condoléances envoyée à son homologue russe.
"Nous sommes convaincus que de tels événements tragiques ne vous empêcheront pas, ni vous ni nous, de poursuivre la lutte contre le terrorisme", a-t-il poursuivi, dans ce message publié par l'agence officielle syrienne Sana.
Il s'agit du plus grave incident entre les deux alliés depuis que Moscou est intervenu militairement fin 2015 en Syrie pour épauler le régime de Damas, alors affaibli face aux rebelles et aux jihadistes.
Les frappes israéliennes de lundi sont les dernières d'une longue série ces derniers mois en Syrie, visant le régime ou son allié iranien. Le but avoué est d'empêcher l'Iran de se servir de la Syrie comme tête de pont contre l'État hébreu.
Dans un communiqué, fait rare, l'armée israélienne a reconnu avoir attaqué un site de l'armée syrienne d'où des systèmes entrant dans la fabrication d'armes étaient en passe d'être livrés pour le compte de l'Iran au mouvement chiite libanais Hezbollah, bête noire d'Israël. Le Hezbollah a répliqué mercredi. "C'est un mensonge israélien, ce n'est pas vrai", a affirmé lors d'une allocution télévisée son chef Hassan Nasrallah.
"L'Iran c'est un prétexte, le Hezbollah c'est un prétexte, la vraie cible c'est la Syrie", a-t-il poursuivi, estimant Israël surtout hostile à "l'émergence d'une armée syrienne, d'une véritable force militaire syrienne".