Le leader de l'opposition au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn, propose d'imposer une taxe spécifique aux grandes firmes du web et du high-tech pour soutenir le journalisme d'investigation.
Ce «fond pour les médias d'intérêt public» pourrait être financé, selon le chef du parti travailliste, par les revenus publicitaires dégagés par les transnationales grâce aux médias, comme une contrepartie, ou encore – et l'idée séduit davantage son parti politique – par l'instauration d'un impôt unique sur les profits de tous les géants du high-tech.
Dans le viseur, les fameux GAFA – une dénomination qui inclut Google, Amazon, Facebook et Apple, mais aussi d'autres géants comme Microsoft, Twitter, Alibaba, Yahoo... A terme, c'est le journalisme lui-même que le leader de l'opposition entend réformer, ou du moins espère améliorer. Présentée lors d'une conférence télévisée, sa proposition part en effet d'un constat personnel : «La presse britannique est, en Europe, celle à laquelle on fait le moins confiance.»
«Le meilleur journalisme s'attaque aux puissants»
Jugeant que les médias traditionnels et la logique des «quotidiens» sont sur le point de s'écrouler (moins d'annonceurs, audimat en berne, défiance de la population...), Jeremy Corbyn veut en effet que la presse se focalise davantage sur les enquêtes de long terme, et moins sur le commentaire immédiat de l'actualité. Il a notamment cité, en modèle à suivre, le Bureau of Investigative Journalism, une ONG britannique consacrée à la production d'articles d'investigation. «Le meilleur journalisme est celui qui s'attaque aux puissants, tant au niveau de l'Etat qu'à celui des multinationales, et qui tient un public très informé», insiste le leader travailliste.
C'est une véritable réorganisation du journalisme contemporain que Jeremy Corbyn entend impulser. Le principal opposant au gouvernement britannique veut voir émerger un journalisme «obstiné», qui dispose d'argent («une presse de qualité induit un salaire décent») et de temps pour couvrir l'actualité, à l'opposé de l'urgence qui règne aujourd'hui dans nombre de rédactions.