La France discute actuellement avec les autres pays méditerranéens de l'UE pour trouver «rapidement» un port d'accueil au navire Aquarius et ses 141 migrants, que l'Italie et Malte refusent d'accueillir, a indiqué l'Elysée à l'AFP.
Vendredi, le navire affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières a secouru au large de la Libye 141 personnes à bord de deux barques en bois, dont une moitié de mineurs et plus d'un tiers de femmes, essentiellement originaires de Somalie et d'Erythrée. Malte et l'Italie ont refusé d'accueillir le navire dans leurs ports, selon SOS Méditerranée qui a appelé lundi les Etats européens à «prendre leurs responsabilités».
L'Espagne, qui avait accueilli l'Aquarius une première fois en juin avec 630 migrants à son bord et est depuis devenue la première porte d'entrée des migrants en Europe, rechigne à se proposer à nouveau.
«L'Espagne n'est pas le port le plus proche, et donc pas le port le plus sûr pour débarquer», a déclaré à l'AFP une source gouvernementale espagnole.
«Pour répondre aux impératifs humanitaires, nous sommes en discussion avec les pays concernés pour que, dans le plein respect du droit de la mer, ce bateau puisse aller rapidement au port sûr le plus proche», a précisé l'Elysée.
Puisque le navire se trouve actuellement entre l'Italie et Malte, les ports français ne sont pas les plus proches, ajoute l'Elysée, écartant implicitement l'hypothèse de proposer au navire d'accoster en France.
Le port de Sète se propose, Marine Le Pen réagit
Le directeur du port de Sète, l'ancien ministre communiste Jean-Claude Gayssot, a cependant proposé lundi d'y accueillir le bateau.
"Le port de Sète est prêt à accueillir l'Aquarius dès lors que les autorités françaises le lui permettront", a-t-il déclaré, en précisant que "c'est la dimension humanitaire qui doit prévaloir, il s'agit de sauver des vies, des familles".
«Ce n'est pas au communiste Jean-Claude Gayssot, président du port de Sète, de décider de notre politique migratoire en accueillant l'#Aquarius», a réagi Marine Le Pen dans un tweet. «L’Etat doit enfin envoyer le signal de fermeté qui s’impose et fermer nos ports à ces navires de migrants !», selon la présidente du Rassemblement national (ex-FN).
Le gouvernement de Gibraltar a de son côté annoncé lundi qu'il allait retirer son pavillon à l'Aquarius après lui avoir demandé de suspendre ses activités de sauvetage, pour lesquelles il n'est pas enregistré dans le territoire britannique. L'Aquarius a en effet été enregistré en 2009 à Gibraltar en tant que navire de recherche, a expliqué Gibraltar.
Dans un communiqué adressé à l'AFP, SOS Méditerranée a dénoncé «une différence artificielle» qui n'a «aucun fondement technique».
«L’Aquarius a toujours été reconnu apte à mener des opérations de sauvetages par les autorités compétentes, qui lui ont en de nombreuses occasions confié la prise en charge de rescapés au vu de ses capacités», a plaidé l'ONG. «L’autorité maritime de Gibraltar elle-même a enregistré l’Aquarius comme navire de sauvetage auprès de l’Organisation maritime internationale».
Paris a aussi regretté la «posture politique très dure» du gouvernement italien qui refuse depuis juin de laisser accoster les navires des ONG alors que l'Italie «a les moyens d'accueillir le bateau». Malte également a durci sa position depuis quelques semaines.
Suite au conseil européen sur les migrations fin juin, souligne la présidence française, ces dernières semaines ont été trouver des solutions européennes pour les migrants qui débarquent en Europe, avec une répartition entre pays européens de ceux susceptibles d'obtenir le droit d'asile.
Quatre fois déjà des pays européens, dont la France, ont accepté de se répartir des migrants : la France a accueilli 78 des 630 migrants recueillis par l'Aquarius en juin et débarqués en Espagne, 20 des 87 migrants de l'Open Arms arrivé jeudi en Espagne, 51 des 233 migrants du Lifeline arrivé à Malte fin juin et 50 des 450 migrants recueillis par des navires militaires et débarqués en Italie mi-juillet.
«Mais l'objectif prioritaire est d'éviter ces traversées, ces situations d'urgence et que les personnes soient accueillies directement» en Afrique, estime Paris.
Emmanuel Macron, qui séjourne actuellement à Brégançon, «suit en temps réel la situation en Méditerranée», selon la présidence.