En prison depuis avril, Lula a été intronisé officiellement samedi comme le candidat du Parti des Travailleurs (gauche) à la présidentielle d'octobre au Brésil, jetant une ombre d'incertitude sur un des scrutins les plus imprévisibles de l'histoire récente du pays.
L'officialisation de la candidature de Lula, pour briguer un troisième mandat, est une façon «d'affronter un système pourri», a affirmé Gleisi Hoffmann, présidente du PT, au moment d'annoncer la désignation de Lula, devant près de 2.000 militants survoltés.
Les projecteurs se sont braqués sur Sao Paulo où la convention du PT a tenté de faire front derrière Lula, même si sa candidature a de grandes chances d'être invalidée par la justice électorale.
L'ex-ouvrier a beau purger une peine de douze ans et un mois de prison pour corruption, il demeure largement en tête des intentions de vote au premier tour, crédité de plus de 30% par tous les instituts de sondage. C'est près du double que ses principaux concurrents.
«Lula est toujours le leader», se félicite le PT dans un montage photo publié sur internet montrant l'icône de la gauche souriant, le poing levé, avec en sous-titre : «ils n'emprisonneront jamais la volonté du peuple».
Passage de flambeau ?
Même si le parti se défend catégoriquement - du moins ouvertement - de préparer un plan B, en coulisses, personne n'ignore que la candidature de Lula sera vraisemblablement invalidée par la justice électorale.
Une loi brésilienne intitulée «Ficha limpa» (casier vierge, en portugais) stipule en effet que toute personne condamnée en appel, ce qui est le cas de Lula, devient de fait inéligible.
Un autre nom est pressenti pour le remplacer, l'ancien maire de Sao Paulo Fernando Haddad.
Ancien ministre de l'Education de Lula, il avait été élu à la tête de la plus grande ville du pays à la surprise générale en 2012, grâce au soutien de l'ex-président, qu'il considère comme son mentor.
La course au vice-président
De son côté, Marina Silva a déjà choisi son colistier, un autre écologiste, Eduardo Jorge, du Parti Vert (PV), qui avait obtenu seulement 0,61% des voix au premier tour de la présidentielle de 2014. Elle-même avait échoué aux portes du second tour, avec 21,32% et plus de 22 millions de voix.
Geraldo Alckmin, lui a choisi comme vice-présidente la sénatrice Ana Amélia Lemos, censée lui permettre d'attirer un électorat plus conservateur qui penche actuellement pour Jair Bolsonaro, sulfureux député d'extrême droite.
Bolsonaro, nostalgique de la dictature militaire, est le favori du premier tour dans un scénario sans Lula, même si les sondeurs ne le voient pas l'emporter au second.
Cet ancien capitaine de l'armée brésilienne connu pour ses dérapages racistes ou homophobes a déjà été intronisé par le Parti Social Libéral (PSL) il y a deux semaines, mais il éprouve toutes les peines du monde à trouver un colistier.
Après avoir essuyé plusieurs refus, y compris celui d'un général qui a commandé les troupes de la mission de l'ONU en Haïti, il pourrait se rabattre sur un astronaute ou un prince de la famille impériale qui a régné sur le Brésil au 19e siècle.