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L'Iran très sceptique après les propos de Trump

Un homme regarde la Une d'un quotidien iranien avec la photo du président américain Donald Trump, le 31 juillet 2018 à Téhéran [ATTA KENARE / AFP] Un homme regarde la Une d'un quotidien iranien avec la photo du président américain Donald Trump, le 31 juillet 2018 à Téhéran [ATTA KENARE / AFP]

L'Iran a accueilli mardi avec scepticisme l'offre de Donald Trump de rencontrer les dirigeants iraniens «quand ils veulent», les principaux leaders du pays s'abstenant d'ailleurs de réagir dans l'immédiat à cette proposition.

Malgré son hostilité déclarée au régime iranien, qui s'est notamment matérialisée par la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump a semblé lundi ouvrir la porte à des discussions au plus haut niveau, sans conditions préalables.

Les réactions ont été globalement très négatives dans les cercles politiques iraniens, le vice-président du Parlement Ali Motahar affirmant à l'agence Fars que discuter avec M. Trump «serait une humiliation».

«L'Amérique n'est pas fiable», a renchéri le ministre de l'Intérieur Abdolreza Rahmani Fazli, selon Fars. «Après son retrait arrogant et unilatéral de l'accord nucléaire, comment peut-on lui faire confiance ?»

Sur Twitter, un conseiller du président iranien Hassan Rohani a assuré que toute discussion avec les Etats-Unis devait commencer par «le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités et le retour des Etats-Unis dans l'accord nucléaire» de 2015, a estimé Hamid Aboutalebi .

Peu avant les propos de M. Trump, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères avait, lui, considéré comme «impossibles» des pourparlers avec l'administration américaine actuelle.

«Washington révèle sa nature indigne de confiance jour après jour», avait déclaré Bahram Ghasemi selon l'agence Mehr, citant «les mesures hostiles des Etats-Unis envers l'Iran après leur retrait (de l'accord nucléaire) et le rétablissement des sanctions économiques» américaines contre Téhéran.

Le président Trump s'apprête en effet à réimposer des sanctions en deux étapes, le 6 août et en novembre.

Il a dit vouloir obtenir, grâce à sa stratégie de «pression maximale», un nouvel accord qui irait au-delà de la limitation du programme nucléaire de Téhéran et permettrait de limiter son influence régionale et son programme balistique.

Pour Mohammad Marandi, professeur à l'Université de Téhéran et un des négociateurs iraniens de l'accord nucléaire de 2015, l'Iran «ne peut pas négocier avec quelqu'un qui viole ses engagements internationaux, menace de détruire des pays et change constamment de position».

«Tabou»

Comme bien d'autres, cet universitaire estime que le retour des Etats-Unis dans l'accord est un préalable à toute discussion.

Plus rares sont ceux qui se montrent compréhensifs, comme le président de la commission des Affaires étrangères au Parlement.

«Des négociations avec les Etats-Unis ne doivent pas être tabou», a dit Heshmatollah Falahatpisheh à l'agence Isna. «A cause d'une méfiance historique, les liens diplomatiques ont été détruits» et il n'y a d'autre choix que de chercher à réduire les tensions, selon lui.

Il y a à peine une semaine, MM. Rohani et Trump avaient eu un échange très tendu, signe de l'incompréhension patente entre la République islamique et la Maison Blanche.

Le président iranien avait évoqué la perspective de la «mère de toutes les guerres» et son homologue américain lui avait promis des «conséquences telles que peu en ont connues auparavant au cours de l'histoire».

Dans les rues de Téhéran, la population se sent plus concernée par les difficultés économiques, notamment la crise monétaire, qui a vu le rial perdre près des deux tiers de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année.

«Tout ce qui peut aider le peuple dans cette situation difficile est le bienvenu», a affirmé Fathi, qui travaille dans un cabinet d'assurance.

Hushiar, un employé de bureau, va plus loin : «On croit tous que Trump est l'ennemi de l'Iran mais peut-être qu'il veut maintenant donner sa chance au peuple iranien et, si Dieu le veut, cela pourrait nous aider à sortir de ce désastre».

Si le retour imminent de sanctions américaines fait craindre aux Iraniens des temps encore plus difficiles, beaucoup ont du mal à croire qu'ils peuvent faire confiance au dirigeant qui contribue à leurs déboires économiques.

Cars drive by a poster depicting Iran's supreme leader Ayatollah Ali Khamenei in the capital Tehran on July 31, 2018 [ATTA KENARE / AFP]
Cars drive by a poster depicting Iran's supreme leader Ayatollah Ali Khamenei in the capital Tehran on July 31, 2018[ATTA KENARE / AFP]

«S'ils (les Américains) veulent vraiment négocier avec nous sans conditions préalables, ils devraient au moins rester dans l'accord nucléaire ou nous laisser commercer avec l'Union européenne», souligne Morteza Mehdian, un ingénieur. «Mais la réalité c'est que cet homme (Trump) est un menteur et que ses mots n'ont pas de valeur».

Cette affirmation est d'ailleurs toujours peu ou prou la ligne officielle du régime. Il y a 10 jours, le guide suprême Ali Khamenei jugeait que des discussions avec les Etats-Unis seraient «inutiles» et une «erreur majeure».

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