Des dizaines de roquettes ont été tirées la nuit dernière depuis la Syrie sur la partie du Golan occupée par Israël, a rapporté jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les frappes menées en réplique par Israël ont fait 23 morts.
Parmi les soldats du régime tués figure un officier. Des Syriens et des étrangers font partie des combattants tués, selon cette ONG. L'armée israélienne a dit avoir bombardé des dizaines de cibles militaires iraniennes en Syrie.
Selon le ministère russe de la Défense, l'armée israélienne a utilisé 28 avions et a tiré 70 missiles contre les infrastructures iraniennes en Syrie, et la moitié des missiles auraient été détruits par le système de défense antiaérienne syrien.
«28 avions israéliens F-15 et F-16 ont participé aux frappes et ont tiré 60 missiles de type 'air-sol' sur plusieurs régions syriennes», selon le ministère qui ajoute, dans un communiqué cité par les agences de presse russes, que dix autres missiles «sol-sol» avaient été tirés «depuis Israël».
«Après le premier bombardement israélien de la localité de Baas, des dizaines de roquettes ont été tirées depuis Qouneitra et le sud-ouest de la région de Damas vers le plateau du Golan», a indiqué l'Observatoire, qui dispose d'un vaste réseau d'informateurs à travers la Syrie. Il n'a pas pu préciser qui avait effectué les tirs ou quels en étaient les objectifs, mais des responsables israéliens avaient auparavant fait état d'une vingtaine de tirs, effectués selon eux par la force iranienne Al-Qods.
L'opération de la nuit, l'une des plus importantes de l'armée israélienne au cours des dernières années et la plus importante contre des objectifs iraniens, a visé la provenance des tirs de roquettes ainsi que des installations de renseignement, de logistique ou de stockage, a dit à des journalistes le lieutenant-colonel Jonathan Conricus. Mais «nous ne cherchons pas l'escalade» militaire, a-t-il ajouté.
«Des missiles israéliens ont visé des positions du régime (syrien) et de ses alliés près de la ville de Baas dans le secteur de Kuneitra», situé sur la partie non occupée par Israël du Golan, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), selon lequel «aucune victime civile n'est à déplorer pour l'instant».
Selon l'agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire, «des missiles israéliens sont interceptés par la défense anti-aérienne et abattus l'un après l'autre».
De fortes détonations ont été entendues jeudi à l'aube à Damas, la capitale syrienne, tandis que des avions survolaient massivement l'espace aérien, a indiqué un correspondant de l'AFP à Damas.
Ces frappes israéliennes surviennent après les tirs d'une vingtaine de projectiles et roquettes par les forces iraniennes en Syrie en direction des forces israéliennes dans la partie du Golan occupé par Israël, selon l'armée israélienne.
Ces projectiles, dont certains ont été interceptés par les systèmes de défense antimissiles israéliens, n'ont pas fait de victimes et l'armée israélienne a riposté, a indiqué par téléphone à des journalistes le porte-parole de l'armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, sans préciser la nature de cette riposte.
Selon le porte-parole de l'armée, les roquettes ont été tirées peu après minuit (21h GMT mercredi) par des hommes de la brigade iranienne al-Qods sur les premières lignes de l'armée israélienne sur le Golan.
«Nous savons que cela vient de la force al-Qods», a-t-il dit sans plus de précision.
La brigade al-Qods est chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien.
«L'armée israélienne considère cette attaque iranienne contre Israël avec une très grande sévérité», a-t-il dit.
«Nous n'avons pas connaissance de blessés», a déclaré le porte-parole. Plusieurs positions israéliennes ont été visées, mais les dégâts sont limités, et aucun civil israélien n'a été menacé, a-t-il dit.
«Il est demandé à la population de rester attentive aux instructions délivrées» par le commandement, a indiqué l'armée dans un communiqué séparé, précisant qu'aucune instruction particulière n'avait été donné en dehors de celles diffusées mardi soir.
L'armée avait alors demandé aux autorités de rouvrir et de préparer les abris.
Etat d'alerte
Ces événements interviennent dans un contexte de vives tensions israélo-iraniennes autour du théâtre syrien à la suite de plusieurs opérations attribuées à l'armée israélienne contre des intérêts iraniens en Syrie.
Elles ont encore été avivées par les incertitudes autour de l'accord nucléaire conclu en 2015 par les grandes puissances avec l'Iran et dénoncé mardi soir par le président américain Donald Trump.
Israël se tenait prêt depuis des semaines à une possible attaque iranienne venue de Syrie, attendue sous la forme probable de tirs de missiles, en représailles à de récentes frappes attribuées à Israël en Syrie, dans lesquelles des Iraniens ont été tués.
Mardi soir, un dépôt d'armes iranien près de Damas a été la cible d'une frappe qui a tué 15 combattants pro-régime étrangers, dont huit Iraniens, selon l'OSDH. L'opération, la troisième du genre en un mois, a de nouveau été imputée à Israël par le régime syrien.
Avant cette opération et au moment où M. Trump se préparait à annoncer le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire, l'armée israélienne annonçait avoir repéré des activités iraniennes «inhabituelles» en Syrie et avoir placé ses forces en état d'alerte dans le Golan, face à l'éventualité d'une attaque iranienne.
Le lieutenant-colonel Conricus a dit qu'il était trop tôt pour déterminer si les tirs de roquettes de la nuit constituaient la riposte iranienne.
Israël s'alarme de l'expansion iranienne dans la région et ne cesse de proclamer qu'il ne permettra pas à la République islamique de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui.
Israël se considère aussi comme la cible désignée d'un Iran qui serait doté de l'arme nucléaire, et a mené de front ces dernières années les opérations militaires en Syrie et une campagne de tous les instants contre l'accord nucléaire.
Israël a annexé en 1981 la partie du Golan (1.200 kilomètres carrés) qu'il occupait depuis 1967 et la guerre des Six Jours. Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, qui considère toujours le territoire comme syrien. Environ 510 kilomètres carrés restent sous contrôle syrien. Israël et la Syrie restent officiellement en état de guerre.