Le gouvernement français a jugé mercredi «inacceptables» les propositions budgétaires de Bruxelles pour la Politique agricole commune (PAC), qui prévoient notamment une baisse «d'environ 5%» des fonds alloués pour la période 2021-2027.
«Une telle baisse, drastique, massive et aveugle, est simplement inenvisageable» et «la France ne pourra accepter aucune baisse de revenu direct pour les agriculteurs», indique le ministère de l'Agriculture dans un communiqué.
«Cette part que l'on va enlever aux agriculteurs va remettre en cause la viabilité de leurs exploitations», a souligné le ministre, Stéphane Travert, lors d'un point presse.
Il a rappelé que cette décision arrive au moment où la France travaille «sur la question du revenu des agriculteurs et sur la question d'une alimentation plus sûre, plus saine et plus durable», dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation.
Le point de départ des négociations
Ces propositions ne constituent toutefois que le point de départ des négociations qui vont s'engager au niveau européen, et le ministre a exprimé le souhait de «retrouver une base de discussion pour porter un budget à la hauteur des ambitions de l'agriculture européenne».
«Je vais dès à présent prendre attache avec mes collègues européens: je rencontre ce soir le ministre irlandais, j'aurai demain matin au téléphone ma collègue espagnole, et ma collègue allemande, pour faire le point sur ces sujets».
Le gouvernement défend «une modernisation et une simplification de la PAC pour protéger les agriculteurs face aux aléas climatiques et à la volatilité des marchés mondiaux, libérer le développement des entreprises agricoles et agroalimentaires, et accompagner la transition environnementale», selon le ministère.
«L'objectif est de revenir à la table des négociations», a assuré le ministre, citant comme prochaine échéance une réunion informelle des ministres de l'Agriculture à Sofia début juin.
La baisse de 5% pose question
La Commission européenne a plaidé mercredi pour une baisse «d'environ 5%» des fonds alloués à la Politique agricole commune (PAC) et à la politique de cohésion de l'UE, consacrée aux régions les plus pauvres, dans une proposition de budget pour la période 2021-2027.
Selon l'entourage du ministre toutefois, une baisse de 5% en euros courants pourrait représenter une baisse en euros constants beaucoup plus importante.
C'est également le constat de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, qui parle d'une «grande déception» : «On dit que c'est -5% mais c'est -10% avec l'inflation. Face aux nouvelles priorités, c'est la politique agricole qui trinque alors qu'on lui demande toujours plus: qu'elle soit plus verte, qu'elle monte en gamme et qu'elle lutte contre le changement climatique, c'est inexplicable !»
Si la Coordination Rurale partage la position du ministre de l'Agriculture qualifiant les propositions de la Commission d'inacceptables, «son désaccord n'en est pas moins profond avec la position globale du gouvernement français qui s'est jusqu'ici borné à réclamer le maintien du budget antérieur de la PAC au lieu de dénoncer sa dérive», indique pour sa part le deuxième syndicat agricole français dans un communiqué.