Berlin a-t-elle ou non échappé dimanche à un attentat ? la police a en tout cas interpellé six personnes soupçonnées d'avoir pu planifier un «acte violent» lors du semi-marathon, suivi par 250.000 personnes dans la capitale allemande.
«En amont du semi-marathon de Berlin nous avons eu certaines indications que les personnes interpellées, âgées de 18 à 21 ans, pourraient être impliquées dans des préparatifs en vue d'un acte violent en lien avec cette manifestation», ont indiqué la police et le parquet de la ville dans un communiqué.
Plusieurs logements ont été perquisitionnés et divers objets et véhicules saisis. Le semi-marathon, auquel 36.000 coureurs environ ont participé et qui a été suivi par 250.000 autres personnes dans le centre-ville, s'est déroulé sans incident.
Les arrestations ont été ordonnées aussi, selon la police, en raison du contexte de sécurité tendu en Allemagne, suite au drame survenu la veille à Münster, dans le nord-ouest du pays, où un homme de 48 ans a foncé sur des clients d'un café-restaurant avec une camionnette. Cette attaque était sans lien avec le terrorisme islamiste, selon les autorités.
En conséquence, les mesures de police avaient du reste été renforcées pour la course.
«Attaque»
Les autorités n'ont pas donné d’autres détails. Police et parquet se sont refusés à confirmer qu'il s'agissait d'un projet d'attentat.
Mais le maire de Berlin Michael Müller, lui, a remercié sur sa page Facebook les services sécurité de sa ville «pour avoir grâce à leur vigilance et leur travail de police pu empêcher une attaque qui menaçait contre les spectateurs pacifiques du semi-marathon».
Les quotidiens Die Welt et Tagesspiegel affirment que les autorités ont bien déjoué un projet d'attentat. Les mises en garde seraient venues notamment d'un «service secret étranger».
Die Welt parle d'un projet attentat avec deux couteaux spécialement aiguisés contre des spectateurs et des coureurs à pied. Mais une source proche de l'enquête a démenti auprès de l'AFP cette hypothèse.
«Nous avons eu des informations indiquant que ces personnes pouvaient être en train de préparer quelque chose mais nous ne savons pas encore quoi», a indiqué pour sa part un porte-parole de la police.
Les enquêteurs espèrent en apprendre davantage en exploitant les disques durs d'ordinateurs et téléphones portables saisis aux domiciles des suspects.
Proche d'Amri ?
Selon plusieurs médias, le principal d'entre eux est un proche du Tunisien Anis Amri, auteur d'un l'attentat au camion-bélier sur un marché de Noël berlinois en décembre 2016, qui avait fait douze morts.
L'homme faisait l'objet d'une surveillance quasi-continue depuis déjà un moment de la part des services de sécurité, selon les journaux.
Si les raisons exactes de ces arrestations à Berlin restent encore floues, elles interviennent alors que les autorités sont sur le qui-vive depuis deux ans en raison de plusieurs attentats islamistes perpétrés ou envisagés dans le pays.
Fin juillet 2017, un demandeur d'asile en passe d'être débouté a tué une personne à coups de couteau dans un supermarché et en a blessé six autres, un acte motivé selon la justice par «l'islamisme radical».
Et fin octobre, la police allemande a interpellé un Syrien de 19 ans soupçonné de préparer un «grave attentat» à la bombe.
Les mouvements islamistes potentiellement violents ont connu ces deux dernières années un essor dans le pays. Les services du renseignement intérieur estiment à environ 10.000 le nombre d'islamistes radicaux en Allemagne, dont 1.600 soupçonnés de pouvoir passer à la violence.
La plupart des attentats ou projets d'attentats ont été jusqu'ici l'oeuvre de demandeurs d'asile. Ce qui vaut régulièrement à la chancelière Angela Merkel de vives critiques pour avoir ouvert en 2015 et 2016 les portes de l'Allemagne à plus d'un million d'entre eux.