Une défunte station spatiale chinoise va rentrer dans l'atmosphère dans moins de dix heures à des vitesses dépassant les 26.000 kilomètres/heure, avant de se désintégrer en une boule de feu céleste.
«Le Bureau des débris spatiaux de l'ESA a fourni son estimation finale pour la rentrée, prévoyant une fenêtre d'environ quatre heures centrée sur 01:07 GMT le 2 avril», indique l'agence européenne sur son site. «Nous sommes à la limite de ce que nous pouvons prévoir», ajoute-t-elle.
Ces projections correspondent à celles annoncées à l'AFP par Florent Deleflie, astronome de l'Observatoire de Paris: «la station devrait rentrer dans l'atmosphère dans les heures entourant le passage de dimanche à lundi (heure GMT)».
La station spatiale abandonnée pèse environ huit tonnes mais ne devrait pas causer de dégâts en tombant. La Chine promet au contraire un spectacle «splendide», semblable à une pluie de météorites.
La fenêtre de rentrée dans l'atmosphère reste cependant sujette à variations, a prévenu l'ESA. De même, l'incertitude règne sur l'endroit où des débris pourraient se répandre. Ils pourraient ainsi tomber n'importe où entre les latitudes de 43 degrés Nord et 43 degrés Sud, soit de la Nouvelle-Zélande au Midwest américain.
Aucune raison d'être inquiet
Le laboratoire avait été placé en orbite en septembre 2011. Il devait effectuer une rentrée contrôlée dans l'atmosphère terrestre, mais a cessé de fonctionner en mars 2016, suscitant des inquiétudes quant à sa «chute».
Cependant, le risque pour un être humain d'être touché par un débris spatial de plus de 200 grammes est d'un sur 700 millions, selon le CMSEO, le bureau chinois chargé de la conception des vols spatiaux habités. «Les gens n'ont aucune raison de s'inquiéter», a assuré le CMSEO.
Ce type de station spatiale «ne s'écrase pas sur Terre violemment comme dans les films de science-fiction, mais se désintègre en une splendide (pluie de météorites) dans le beau ciel étoilé, à mesure que ses débris progressent vers la Terre», a-t-il expliqué.
«Cela sera un peu comme si plein d'étoiles filantes apparaissaient au même endroit et au même moment. Les débris se consumant seront visibles sur un rayon de plus de 100 km», explique Florent Deleflie. Le tout pendant une vingtaine de minutes.
L'astronome suit de près la trajectoire de la station spatiale pour «voir si les modèles de calcul de densité d’atmosphérique tiennent la route ou pas et les améliorer».
«Palais céleste»
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Tiangong-1, ou «Palais céleste», a été utilisé pour des expériences médicales. Le laboratoire était également considéré comme une étape préliminaire dans la construction d'une station spatiale.
En 60 ans de vols spatiaux, il y a eu quelque 6.000 rentrées non contrôlées de gros objets fabriqués par l'homme, et un seul débris a touché une personne, sans la blesser, selon Stijn Lemmens, un expert de l'ESA.
La chaleur croissante et les frictions entraîneront ensuite la combustion ou l'explosion de la structure principale, à quelque 80 km de la Terre, d'après la même source.
La plupart des fragments se disperseront dans l'air et un petit nombre retombera relativement lentement avant de s'écraser, probablement en mer. Les océans occupent plus de 70% de la surface terrestre.
La station Tiangong-1 est le 50e plus gros objet à effectuer une rentrée non contrôlée depuis 1957, estime Jonathan McDowell, un astronome du Centre d'astrophysique Harvard-Smithsonian aux Etats-Unis.
La Chine a investi des milliards d'euros dans la conquête spatiale pour tenter de rattraper l'Europe et les États-Unis. Coordonnée par l'armée, elle est perçue comme un symbole de la puissance retrouvée du pays.
Pékin ambitionne d'envoyer un vaisseau spatial autour de Mars vers 2020, avant de déployer un véhicule téléguidé sur la planète rouge.
Le géant asiatique souhaite aussi déployer d'ici 2022 une station spatiale habitée, au moment où la station spatiale internationale (ISS) aura cessé de fonctionner. La Chine rêve également d'envoyer un homme sur la Lune.