Alors que le divorce se rapproche, de nombreux défis subsistent, du côté européen comme britannique.
L’échéance approche et la tension monte. Dans tout juste un an, le 29 mars 2019 à minuit, le Royaume-Uni devra quitter l’Union européenne. La conséquence du référendum du 23 juin 2016, où le camp du «leave» l’avait emporté à 52 %, suivi de l’enclenchement, quelques mois plus tard, du désormais fameux article 50.
Or, si le peuple britannique n’a pas changé d’avis, selon une récente étude, les négociations sont loin d’être achevées entre Bruxelles et Londres, tant les points de friction sont nombreux.
«Rien n’est convenu tant que tout n’est pas convenu», ne cessent d’ailleurs de marteler les responsables européens.
Des dossiers plus qu’épineux
Jusqu’ici, seules quelques négociations ont porté leurs fruits. Le Royaume-Uni a accepté de continuer à contribuer au budget de l’UE jusqu’en 2020, à hauteur de 45 milliards d’euros, et il s’est accordé avec Bruxelles sur le sort des citoyens européens.
Trois millions d’entre eux résidant au Royaume-Uni pourront réclamer le statut de résident permanent. En revanche, de nombreux autres dossiers se révèlent être des casse-tête.
Comme l’avenir de la frontière irlandaise. Ni Londres ni Bruxelles ne veulent rétablir une frontière «dure» entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, qui restera, elle, membre de l’UE.
Après le Brexit, il s’agira de préserver à tout prix l’accord du vendredi saint de 1998, qui avait mis fin à trois décennies d’affrontements. Aucune solution satisfaisante et pérenne pour les deux parties n’a encore été trouvée.
Autre difficulté majeure du divorce : la future relation commerciale. Le Royaume-Uni veut quitter le marché unique pour pouvoir renégocier ses propres accords commerciaux, et ainsi bénéficier d’un libre-échange «le plus large possible». C’est un non catégorique pour l’UE, qui s’oppose à un commerce «à la carte».
Sans accord, le Royaume-Uni ne serait plus un partenaire privilégié et les règles de l’Organisation mondiale du commerce, synonymes de barrières douanières, lui seraient alors appliquées. Mais, pour les observateurs, ces défis colossaux seront repoussés à la fin de la période de transition, d’une durée de vingt mois.
«La vraie question est de savoir si les deux camps seront prêts le 31 décembre 2020», explique Catherine Barnard, professeur de droit européen à la faculté de Cambridge.
Entreprises et citoyens inquiets
Alors que les négociations sont à la peine, l’anxiété monte dans la sphère économique outre-Manche. Pour preuve, 51 % des grands groupes présents au Royaume-Uni ont adopté des plans d’urgence.
Ils prévoient, entre autres, de transférer du personnel sur le Vieux Continent. Quant au ministère des Finances, il a provisionné plusieurs milliards de livres, pour anticiper le divorce.
Pour le peuple britannique aussi, la perspective du Brexit suscite des angoisses. A Douvres, 10 000 poids lourds traversent quotidiennement la ville. Or, avec le probable retour des contrôles aux frontières, c’est le chaos annoncé avec des embouteillages monstrueux.
Quant aux pêcheurs, ils ont appris en mars que leur gouvernement appliquerait la politique européenne des quotas après la sortie de l’UE, jusqu’en 2020. Un exemple qui illustre à quel point le Brexit va continuer à alimenter les débats.