Annoncées comme un couperet. Les États-Unis, le Canada et quatorze pays de l’Union européenne ont décidé ce lundi d’expulser des diplomates russes par solidarité avec Londres, qui accuse Moscou de l’empoisonnement d’un ex-agent double en Angleterre.
Une riposte coordonnée qui vient couronner trois semaines de montée des tensions depuis la découverte, le 4 mars, de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, inanimés, dans un centre commercial de Salisbury. Et qui donne à un scénario déjà rocambolesque de craies allures de guerre froide.
Un front uni occidental
La Première ministre britannique, Theresa May, a salué ce lundi la «grande solidarité» des alliés du Royaume-Uni. «Ensemble nous avons envoyé le message que nous ne tolérerons pas les tentatives continues de la Russie de bafouer le droit international et de saper nos valeurs», s’est-elle félicitée.
De fait, la salve d’expulsions annoncée ce lundi est une victoire pour Londres, qui s’était dans un premier temps trouvé isolé en gelant, le 14 mars, ses contacts bilatéraux avec Moscou, et en expulsant 23 diplomates.
La Russie avait répliqué en renvoyant le même nombre de Britanniques et en ordonnant la fermeture du British Council. Les dirigeants européens avaient alors affiché un soutien prudent au Royaume-Uni sans prendre de mesures particulières, jusqu’au rappel pour consultation, décidé le week-end dernier, de l’ambassadeur de l’UE à Moscou.
Et si Washington avait tenu un discours plus ferme, celui-ci n’avait pas été immédiatement suivi d’effet. C’est désormais chose faite. La réponse la plus radicale est d’ailleurs venue des États-Unis, qui ont annoncé le renvoi de 60 «espions» et la fermeture du consulat de Russie à Seattle, Washington soulignant la proximité d’une base de sous-marin. L’Ukraine a également fait état de l’expulsion de 13 diplomates.
De leur côté, la France et l’Allemagne ont renvoyé chacune quatre personnes. Au total, ils sont une trentaine à devoir quitter dans les prochains jours l’Union européenne. Une «provocation [...] visant à agraver la situation» selon le ministère russe des Affaires étrangères, tandis que le porte-parole du Kremlin a de nouveau affirmé que la Russie n’avait «rien à voir avec cette affaire» d’empoisonnement. «Naturellement, nous serons guidés, comme par le passé, par le principe de réciprocité», a-t-il assuré.
Des mesures symboliques
En dépit de ces menaces qui laissent craindre une relance de la guerre des sanctions entre les pays occidentaux et la Russie, la passe d’armes reste, pour l’heure, symbolique. Ni les États-Unis ni l’UE n’ont en effet rompu leurs relations diplomatiques avec Moscou. «Nous avons besoin d’un canal ouvert pour discuter avec la Russie», avait d’ailleurs insisté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker vendredi, lors du sommet au cours duquel la riposte a été décidée.
L’Autriche a de son côté annoncé ce lundi qu’elle n’expulserait pas de diplomates, se définissant comme «un pont entre l’Est et l’Ouest». De même, la Slovaquie a indiqué qu’elle se contenterait de convoquer l’ambassadeur de Russie à Bratislava.
Quant à Donald Trump, il souffle depuis son élection le chaud et le froid sur la relation américano-russe. Et s’il s’est réjoui ce lundi des expulsions de diplomates, la semaine dernière encore, en dépit de l’affaire Skripal, il félicitait Vladimir Poutine pour sa réélection.