La COP21, en décembre 2015 à Paris, s'était fixé pour objectif de maintenir le réchauffement climatique à moins de 2°C. Mais au rythme actuel, cela semble improbable. Si de véritables politiques visant à limiter les émissions de CO2 ne sont pas prises immédiatement, les conséquences seront dramatiques. En voici quelques unes.
Des îles et pays engloutis
En 50 ans, le niveau des océans s’est élevé de 10 centimètres. Une tendance qui devrait se poursuivre, voire s’accélérer dans les années à venir. Selon les experts de la Nasa, une montée des océans d’au moins un mètre est inévitable dans les 100 à 200 ans qui viennent. «Au vu de ce que l’on sait aujourd’hui à propos de l’expansion des océans avec le réchauffement, et sur la fonte des glaciers et des calottes glacières, […] il est pratiquement certain que nous auront une augmentation du niveau des mers d’au moins un mètre, et probablement davantage», expliquait Steven Nerem en août dernier.
Dans son dernier rapport spécial, l'ONU table sur une hausse de 43 centimètres environs d'ici à 2100 si le réchauffement était maintenu à 2°C. Dans le cas, où le réchauffement se poursuit au niveau actuel, la hausse serait de l'ordre de 84 cm.
Les premières victimes de l’augmentation du niveau de la mer sont les archipels du Pacifique, notamment les îles Marshall, les îles de Polynésie, les Maldives (océan Indien) et certais pays d’Asie (Philippines, Indonésie, Bangladesh).
Selon une étude du CNRS de 2014, 10 000 à 20 000 îles pourraient disparaître totalement au cours du siècle.
Face à ce scénario catastrophe annoncé, certains pays tentent d’ores et déjà de se préparer. Les habitants de l’atoll de Bikini, dans le Pacifique, ont ainsi réclamé l’asile climatique aux Etats-Unis.
Miami, Tokyo, new york, Amsterdam... sous les eaux
Autre conséquence de la montée du niveau des océans, les villes côtières pourraient être submergées avant la fin du siècle. Si rien n’est fait pour réduire la consommation d’énergies fossiles, New York pourrait devenir inhabitable en 2085, soit dans une seule génération.
Et avant cela, les grandes villes construites sous le niveau de la mer pourraient être envahies par les eaux. C’est notamment le cas de Miami, New York, Tokyo, Singapour, Amsterdam ou encore Rotterdam. D’après Steven Nerem, «il semble qu’il soit déjà trop tard» pour certaines villes américaines de Floride, notamment Miami.
L'augmentation des phénomènes météorologiques, de nombreuses mégalopoles côtières pourraient également être frappées d'inondations chaque année à partir de 2050.
Des ouragans et cyclones plus intenses
Selon les spécialistes, les ouragans et les cyclones d'une plus grande intensité seraient l'une des conséquences directes du réchauffement climatique. Les ouragans, comme Harvey, Irma, Maria, Jose, Katia, ayant touché la région des Caraïbes, puisent leurs forces de l'énergie dégagée par les océans. Ainsi, les scientifiques mettent en gardent la population car leur intensité pourrait être décuplée avec l'augmentation de la chaleur terrestre.
Selon Valérie Masson-Delmotte, climatologue au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la différence entre la température de surface de l'Atlantique et la température en altitude était élevée. «On constate que la température de surface de l'Océan atlantique tropical était particulièrement élevée ces dernières semaines, souvent à 1 à 2°C de plus que les normales», explique-t-elle, avant de préciser que «le changement climatique ne provoque pas directement les phénomènes météorologiques comme les ouragans. Mais il renforce leur intensité, leur fréquence ou leur durée».
Des records de chaleur
L’objectif principal de la Conférence de Paris est de maintenir le réchauffement climatique à moins de 2°C. Si cet objectif n’était pas réalisé, les prévisionnistes prévoient des records de températures dans le futur et la multiplication des épisodes caniculaires. «Les vagues de chaleur vont probablement se produire plus fréquemment et durer plus longtemps. Avec le réchauffement de la Terre, nous nous attendons à voir les régions actuellement humides recevoir davantage de précipitations et les régions sèches en recevoir moins», indiquait en 2013 le climatologue Thomas Stocker dans un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat).
Les scientifiques tablent sur une hausse de la température moyenne de la surface de la Terre comprise entre 0,3 et 4,8°C selon la quantité des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2100.
We released #data showing how the world's temperatures & rainfall may change through 2100: http://t.co/Rm3Y8Tg15g pic.twitter.com/kgrPYcCp7z
— NASA Climate (@EarthVitalSigns) 11 Août 2015
Pour illustrer ces données, l’OMM (Organisation météorologique mondiale) a invité les présentateurs météo de différents pays à présenter la météo du 18 août 2050. Le bulletin français d’Evelyne Dhéliat est éloquent : la France présentera des températures très élevées puisqu’il fera en 40°C à Paris et jusqu’à 43°C à Nîmes.
Des épisodes de froid polaire en Europe
Si le réchauffement climatique provoquera des records de chaleur, il entraînera également des épisodes de froid polaire en France et en Europe. Les météorologues soulignent que le fameux gulf stream, qui sépare habituellement les masses d'air froid de l'Arctique et du Pôle Nord de l'air plus chaud de l'hémisphère nord, est perturbé par le changement climatique et est de moins en moins étanche.
Lors de l'hiver 2018, la température au Pôle Nord, sur lequel était entrée une masse d'air chaud, avait ainsi été plus élevée qu'en Europe. L'air chaud arrivé sur l'Arctique avait en effet repoussé l'air froid vers le Sud.
Des incendies plus fréquents et destructeurs
Forêt amazonienne, Australie, Californie, Portugal, Canada, Etats-Unis, Italie, France.... Les feux de forêts sont de plus en plus fréquents, alimentés par les canicules qui se succèdent, entraînant des conditions climatiques sèches et extrêmement chaudes et favorisant ainsi la survenue de feux de forêts.
Pour le climatologue Hervé Le Treut, interrogé par FranceInfo, «le réchauffement climatique est un des facteurs qui peuvent expliquer la multiplication des feux», provoqués souvent par l'action humaine mais de pus en plus fréquents et intenses avec la hausse des températures.
Et ces incendies devraient contribuer au réchauffement climatique. Lorsqu'ils brûlent, les arbres libèrent en effet le CO2 qu'ils avaient stockés. De «pompes» à CO2, les forêts pourraient ainsi devenir des émettrices. Une situation alarmante.
explosion du nombre de réfugiés climatiques
Sécheresses, typhons, inondations, cyclones, hausse du niveau des océans… Les changements climatiques sont à l’origine de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. Des catastrophes naturelles qui devraient continuer à se multiplier dans les décennies à avenir, provoquant la migration des populations.
Dans son rapport de 2019, l’Onu prédisait 280 millions de déplacés dans le monde en 2050. Et ce, dans le scénario optimiste d'une hausse de 2°C. «Il y a déjà, aujourd’hui, davantage de réfugiés climatiques que de réfugiés de guerre. Quelque 80% d’entre eux vivent dans les pays du Sud, mais vont-ils y rester ? Si nous ne parvenons pas à un accord à Paris, en décembre, ils seront encore plus nombreux dans dix, vingt ou trente ans», mettait ainsi en garde François Hollande dans une interview au Parisien en septembre.
Selon les données de l’IDMC (Internally Displacement Monitoring Centre), 83,5 millions de réfugiés climatiques ont été recensés entre 2011 et 2014.
Explosion de la pauvreté d’ici à 2030
La Banque mondiale estime dans un rapport publié en novembre 2015 que plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté si les objectifs de réduction des gaz à effets de serre ne sont pas tenus. «Ce sont les plus démunis qui sont le plus durement frappés par le changement climatique. Le défi auquel nous sommes maintenant confrontés consister à éviter que le dérèglement du climat ne plonge dans l’extrême pauvreté des dizaines de millions d’êtres humains», souligne Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale.
Selon l’institution, les populations les plus pauvres sont ainsi menacées par «les mauvaises récoltes dues à la diminution de la pluviosité», la flambée des prix alimentaires provoquée par des phénomènes météorologiques extrêmes… Le continent africain serait le plus durement touché, la flambée des prix alimentaires pouvant atteindre 12% en 2030 et jusqu’à 70% à l’horizon 2080.
L’Onu estime par ailleurs, que près de 600 millions de personnes pourraient souffrir de malnutrition d’ici 2080. «L'augmentation de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, la hausse des températures et du niveau des mers, ainsi que les inondations et les sécheresses ont un impact significatif sur le droit à l'alimentation», souligne la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Hilal Elve.
Recrudescence des maladies
La Banque mondiale souligne également que le réchauffement climatique pourrait avoir un impact sanitaire en accroissant « l’incidence des maladies sous l’effet de vagues de chaleur et d’inondations».
Ces phénomènes pourraient, en effet, allonger la saison de transmission des maladies propagées par les moustiques. Un réchauffement planétaire de 2 à 3°C augmenterait de 5% le nombre d’habitants exposés au paludisme, soit une hausse de 150 millions de personnes. Et selon l’OMS, «deux milliards de personnes de plus pourraient être exposées au risque de transmission de la dengue d’ici les années 2080».
Les maladies diarrhéiques, le plus souvent provoquées par la contamination de l’eau, pourraient grimper quant à elles de 10% dans les 15 prochaines années.
L'OMS estimait ainsi en 2014 que le réchauffement climatique pourrait causer la mort de près de 250.000 personnes chaque année. Une estimation jugée «conservatrice» par une étude du New England Journal of Medecine en janvier 2019, qui avançait que en raison des seules pénuries alimentaires causées par le climat, ce sont près de 529.000 adultes qui pourraient perdre la vie en 2050.
Animaux : une espèce sur six pourrait disparaître
En analysant les résultats d’une centaine d’études portant sur l’impact du réchauffement climatique sur la faune et la flore, des chercheurs américains ont établi qu’une espèce animale sur six pourrait disparaître si le rythme actuel des émissions de gaz à effets de serre se poursuit.
Selon cette étude publiée en mai 2015 dans la revue Sciences, le nombre d’espèces menacées d’extinction augmente à chaque degré Celsius «gagné». Ainsi, dans le cas où les températures à la surface du globe augmentent de deux degrés par rapport à la période préindustrielle, ce sont 5,2% des espèces qui seraient touchées. Un chiffre qui atteint 16% en cas de hausse de 4,3 degrés.
Mark Urban, principal auteur de l’étude et chercheur au département d’écologie et de biologie de l’Université du Connecticut, les menaces d’extinctions varient également en fonction de la région du monde : 23% des espèces sont menacées en Amérique du Sud contre 14% en Australie et en Nouvelle-Zélande. Certains scientifiques affirment même que la 6e extinction animale de masse a débuté, une situation que la planète bleue n’a plus connu depuis 66 millions d’années.
Disparition de la Grande Barrière de Corail
Le plus grand récif corallien au monde, qui s’étend sur 348 000 km2 au nord-est des côtes australiennes, est menacé par deux phénomènes : l’augmentation de la température de l’eau et l’acidification des océans.
Un rapport du GIEC publié en avril 2007 mettait en garde contre le risque de blanchiment généralisé des coraux en cas d’augmentation de la température de l’océan de l’ordre de 2°C. En outre, d’après un rapport publié en octobre 2014 à l’occasion de la Convention sur la diversité biologique (CDB), le pH des océans a augmenté de 26% en 200 ans.
Ces deux processus mettent en péril la diversité de la Grande Barrière, qui abrite 400 espèces de coraux, 1 500 espèces de poissons et 4 000 espèces de mollusques. En 2012, le site avait déjà perdu plus de la moitié de ses prairies coralliennes en seulement 27 ans. Et le récif pourrait continuer à se détériorer dans les mêmes proportions d'ici à 2022 si rien n'était fait pour le protéger, selon les scientifiques de l'Australian Institute of Marine Science (Institut océanographique d'Australie, AIMS) et de l'université de Wollongong (Etat de Nouvelle-Galles du Sud).
La fin des vins de Bordeaux et de la vallée du Rhône
Si les conditions climatiques sont aujourd’hui idéales pour les vignes dans ces régions, le réchauffement de la planète et les baisses de précipitations pourraient redistribuer la répartition géographique des régions productrices de vin dans le monde, révélait en 2013 une étude américaine.
«La surface des terres propices à la culture de la vigne va se réduire dans de nombreuses régions traditionnellement productrices de vin, comme la région de Bordeaux ou la vallée du Rhône, ainsi qu’en Toscane en Italie. Mais ont trouvera de plus en plus d’endroits favorables dans des régions plus au nord, en Amérique du Nord et en Europe», indiquait Lee Hannah, le principal auteur de cette étude.
Concrètement, la surface de terres favorables à la culture du vin va Europe va se réduire de 68% en 2050. Le scénario le plus pessimiste fait état d’une réduction de 86%.
Les turbulences en avion plus fréquentes
Selon une étude parue en 2013 dans la revue Nature Climate Change, les zones de turbulences devraient augmenter de façon considérable à l’avenir. Basés sur une simulation des modèles climatiques, les chercheurs estiment que les turbulences pourraient doubler d’ici à 2050. Leur force augmenterait également de 10 à 40%
«L’aviation est en partie responsable du changement climatique. Ironie du sort, le climat est en voie de prendre sa revanche en créant une atmosphère plus turbulente», commentait l’un des auteurs de l’étude, le Professeur Paul Williams.
La disparition des glaciers
Le plus grand glacier de France, la mer de Glace à Chamonix, est en passe de disparaître. Il ne fait plus désormais que 40 km2, et perd 30 mètres de long par an.
Et le phénomène est constaté partout dans le monde, les scientifiques estimant que (presque) tous les glaciers auront fondu avant la fin du siècle. Plus précisément, entre 82% et 96% de la surface glaciaire devrait disparaître.
Un phnéomène d'autant plus problématique, que la disparition des glaciers contribue à la fois à faire monter le niveau des mers, et à aggraver le réchauffement climatique, puisqu'ils ne refléteront plus la lumière du soleil pour l'envoyer dans l'espace.