De nouveaux raids aériens ont visé mercredi l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, en pleine recrudescence des bombardements par le régime syrien qui ont fait plus de 120 morts en trois jours, soit l'un des pires bilans en sept ans de guerre.
D'une intensité rare, ces bombardements interviennent alors que de nouveaux soupçons planent sur l'usage d'armes chimiques, notamment du chlore, par le régime de Bachar al-Assad.
80 civils tués mardi
Pour la seule journée de mardi, les frappes contre cette région proche de Damas ont fait 80 morts parmi les civils, a dit l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «C'est la journée la plus sanglante depuis neuf mois dans toute la Syrie, et l'une des plus meurtrières dans la Ghouta orientale depuis plusieurs années», a souligné son directeur, Rami Abdel Rahmane.
Parmi les victimes décédées figurent 19 enfants et 20 femmes, selon la même source, qui a également fait état de près de 200 blessés.
Mercredi, le ciel a de nouveau grondé au-dessus de plusieurs localités, notamment Hammouriyé et Beit Sawa, et 15 civils ont été tués, a indiqué l'OSDH, une ONG qui dispose d'un vaste réseau de correspondants dans le pays. A Douma, la plus grande ville de la Ghouta, les hôpitaux sont débordés par l'afflux de blessés, a constaté un correspondant de l'AFP.
«S'il vous plait, brisez tous les rassemblements et dégagez les rues», ont lancé les hauts-parleurs des mosquées de la cité.
Avec près de 400.000 habitants assiégés par les forces du régime depuis 2013, la Ghouta orientale est l'une des quatre zones de désescalade mise en place l'an dernier en Syrie pour obtenir une trêve dans les combats.
Mais le cessez-le-feu est resté lettre morte. Lundi, les frappes aériennes et les tirs d'artillerie avaient déjà tué 31 civils.
La guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 s'est progressivement complexifié sur un territoire de plus en plus morcelé, faisant plus de 340.000 morts.
Des armes chimiques de nouveau utilisées
Le spectre de l'utilisation d'armes chimiques a par ailleurs refait surface. Mercredi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a souligné que «plusieurs indications» confortaient l'hypothèse d'un recours à de telles armes. «Tout indique que du chlore est utilisé par le régime», a-t-il affirmé sur la chaîne française BFM TV.
Il n'a fait aucune allusion à d'éventuelles représailles militaires de la France contre le régime si ces attaques au chlore sont confirmées.
En mai 2017, le président français Emmanuel Macron avait tracé une «ligne rouge» sur cette question lors de son arrivée au pouvoir.