Face à l’intensification des attentats des talibans et à l’arrivée de Daesh, les autorités demeurent impuissantes.
Les limites de l’horreur à nouveau repoussées. La population de Kaboul, bien que douloureusement habituée à l’insécurité, était sous le choc, dimanche, après l’attentat à l’ambulance piégée perpétré samedi par les talibans, dans le centre de la capitale afghane. L’explosion, d’une extrême violence, a fait 103 morts et 235 blessés, conduisant les autorités à déclarer une journée chômée ce lundi, pour s’occuper des victimes.
Cet attentat est d’autant plus traumatisant qu’il intervient après l’attaque de l’ONG Save The Children, qui a tué cinq personnes, mercredi, à Jalalabad, et celle de l’hôtel Intercontinental de Kaboul, qui a fait au moins vingt morts le samedi précédent. Un regain de violence qui s’est accéléré ces derniers mois, poussant les Afghans à bout.
Les autorités dépassées
Perpétrés par les talibans ou par Daesh, les attentats se succèdent depuis le début de l’année, laissant craindre que 2018 sera aussi meurtrière que 2017, au bilan particulièrement lourd. En novembre dernier, les Nations unies comptabilisaient en effet plus de 8 000 civils tués en neuf mois.
Forces de sécurité, étrangers et chiites sont particulièrement visés par des terroristes à qui même les zones les plus protégées semblent facilement accessibles. C’est ainsi une ambulance floquée des signes officiels des services de secours, qui a été utilisée dans l’attentat de samedi, après avoir traversé, sans encombre, un important check point. La rue touchée était pourtant l’une des plus protégées de la ville, abritant plusieurs sièges d’institutions et différentes ambassades. Une semaine plus tôt, les talibans semblent n’avoir rencontré aucune résistance à l’entrée de l’hôtel Intercontinental. Des failles sécuritaires, qui exaspèrent la population.
De nombreux internautes ont donc interpellé dimanche le gouvernement, les uns appelant à une riposte sévère, les autres à la démission de responsables politiques jugés défaillants. Les services de renseignement font également l’objet de nombreuses critiques, au point que leur chef, Mohammad Masoom Stanekzai, s’est défendu publiquement. «Nous avons déjoué beaucoup d’attaques, mais certaines sont difficiles à prévoir», a-t-il avancé.
Une situation inextricable
Le patron des renseignements a en outre rappelé que «vingt groupes terroristes opèrent» en Afghanistan. De fait, les négociations avec les groupes insurgés n’ont jamais abouti. Le plus important d’entre eux, les talibans, avait été chassé du pouvoir en 2001. Mais ils ont repris d’importants territoires, et prospèrent, grâce notamment à la culture d’opium.
Depuis la fin de l’engagement de l’Otan, en 2014, et malgré le maintien de forces américaines, les attentats ont ainsi pu se multiplier. Ils se sont accélérés avec l’arrivée de combattants de Daesh – ces derniers ont revendiqué l’attaque contre Save The Children, la semaine dernière.
Face à cette violence endémique, l’Etat central est pénalisé par le manque de moyens, mais aussi par les divisions entre ses représentants. Le président pachtoun Ashraf Ghani et le Premier ministre Abdullah Abdullah, d’origine tadjike, sont en effet politiquement rivaux, et leur concurrence bloque toute tentative de réforme. Sans compter la corruption à laquelle est confronté le pays, classé 169e sur 176 dans ce domaine par l’ONG Transparency International.