Face à la polémique naissante, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen a décidé de retirer Charles Maurras du Livre des commémorations nationales 2018 après des protestations d'associations antiracistes.
Pour «lever l'ambiguïté» sur «des malentendus qui sont de nature à diviser la société française», la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a demandé le rappel du Livre des commémorations nationales 2018 et sa réimpression «après retrait de la référence à Maurras», indique-t-elle dans un communiqué.
Le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, Frédéric Potier, avait demandé samedi le retrait de Charles Maurras de ce recueil, rejoint par SOS Racisme et la Ligue internationale de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
«Commémorer c'est rendre hommage. Maurras, auteur antisémite d'extrême droite, n'a pas sa place dans les commémorations nationales 2018», écrivait Frédéric Potier.
En 2011, une polémique semblable sur un autre écrivain aux textes antisémite, Céline, avait amené le ministre de la Culture de l'époque, Frédéric Mitterrand, à retirer du même livre l'auteur de «Voyage au bout de la nuit».
Françoise Nyssen a également déclaré vouloir recevoir «très prochainement» les membres du Haut-comité qui a rédigé le recueil «afin de questionner, ensemble, la pertinence de cette démarche mémorielle conduite au nom de l'État par des experts».
«Lever l'ambiguïté»
Présidé par l'Académicienne Danièle Sallenave, ce comité est composé entre autres des historiens Pascal Ory, Jean-Noël Jeanneney et Claude Gauvard. «Le travail et l'expertise des membres du Haut-comité ne sont évidemment pas en cause», a précisé la ministre.
Ce volume de plus de trois cent pages, publié par les Éditions du patrimoine (Centre des monuments nationaux), est un catalogue de dates marquantes de l'histoire de France dont l'année est l'occasion de se souvenir, vendu dix euros. Le 150e anniversaire de Maurras faisait partie de la liste.
Danièle Sallenave a salué cette décision, appelant à «lever l'ambiguïté» autour du Livre des commémorations nationales. «Il est évident qu'il y a une équivoque quant au terme de commémoration. À mon avis, il est important que nous menions une vraie réflexion sur le mot, sur son usage. Peut-être commémorer a-t-il pris un sens positif», a déclaré l'auteure à l'AFP.
«Charles Maurras est quelqu'un dont je condamne absolument le développement des engagements (...) Il est hors de question que tout cela puisse contribuer à une quelconque forme de réhabilitation», a-t-elle conclu.