Le gouvernement polonais a vivement réagi lundi après la diffusion d'un reportage montrant une fête en l'honneur d'Adolf Hitler organisées par des néo-nazis.
Le reportage de la chaîne d'information polonaise TVN24, filmé en caméra cachée et diffusé samedi, a suscité un tollé général, aussi bien du côté de la population polonaise que de sa classe politique.
Les journalistes ont réussi à filmer un groupe d'hommes, habillés en uniformes nazis, lors d'une fête organisée dans un bois près de Wodzislaw à l'occasion du 128e anniversaire de la naissance d'Adolf Hitler.
Marches militaires en fond sonores, les ultra-nationalistes, dont les visages étaient floutés sur les images, se mettent en scène, effectuant le salut nazi devant une croix gammée enflammée ou des banderoles à l'effigie du régime nazi.
«Pour les fidèles parmi les fidèles qui ont survécu jusqu'à aujourd'hui, pour Adolf Hitler, pour notre patrie, la Pologne bien-aimée et pour nous-mêmes, un triple Sieg Heil», clame l'un d'entre eux, désigné comme le leader de ce groupuscule, appelé «Orgueil et Modernité» (DiN).
Vive réaction des milieux politiques
Le procureur général de Pologne a ouvert dimanche une enquête pour savoir si de tels actes pouvaient être considérés comme une propagation du fascisme : un crime puni d'une peine de 2 ans de prison en Pologne.
Le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, a également réagi sur Twitter, sur ce rassemblement qui «piétine la mémoire de nos ancêtres et leur lutte héroïque pour une Pologne juste et libre de toute haine».
Les parlementaires du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) ont sommé le ministre de l'Intérieur de s'expliquer devant le Parlement sur son action face aux organisations soupçonnées de «propager le totalitarisme», dont notamment le DiN.
Les protestations de la majorité surgissent alors que Morawiecki tente de modérer l'image radicale du parti au pouvoir et d'améliorer les liens tendus avec les partenaires européens. Certains des ministres les plus controversés du gouvernement ont été renvoyés plus tôt ce mois-ci.
«Orgueil et Modernité»
L'enquête de TVN24 révélait que ce même groupuscule néo-nazi était à l'origine d'un happening survenu en novembre dernier dans la ville de Katowice, au sud du pays. Des photos de députés européens centristes, dénoncés comme des traites à la nation polonaise, avaient été accrochées à une fausse potence.
La mise en scène macabre faisait référence à un précédent événement : lors de la fête de l'indépendance polonaise, le 11 novembre dernier, une grande marche nationaliste, organisée par l'extrême droite polonaise, avait rassemblé 60 000 personnes à Varsovie.
Les parlementaires visés avaient voté contre le gouvernement polonais lors d'une résolution de l'instance européenne sur les violations présumées de la loi et la réponse du gouvernement à cette manifestation.