Manifestations géantes dans les grandes villes américaines et retour des bonnets roses: la Marche des femmes, qui avait défié Donald Trump il y a un an, a fait un retour en force samedi, portée par le mouvement #Metoo et les élections de novembre prochain.
Il n'y avait pas de chiffre global pour ces rassemblements organisés dans les grandes villes américaines, dont Washington, Philadelphie, Boston ou Denver, pour beaucoup des bastions démocrates qui ont voté contre Trump en novembre 2016.
La plus importante manifestation a eu lieu à Los Angeles, deuxième ville du pays, avec quelque 600.000 manifestants, a tweeté le maire démocrate Eric Garcetti. Le shérif du comté de Los Angeles, plus conservateur, n'a comptabilisé que 300.000 personnes. Il y a un an 750.000 personnes avaient défilé.
A New York, la police a estimé la foule rassemblée sur plusieurs dizaines de pâtés de maisons le long de Central Park à 200.000 personnes. Beaucoup étaient coiffées des bonnets roses emblématiques de la marche anti-Trump de l'an dernier, qui avait selon le Washington Post rassemblé plus de 3 millions de personnes à travers le pays.
Dans plusieurs villes, soleil et stars étaient au rendez-vous: le réalisateur Rob Reiner a dénoncé depuis la Californie un président «raciste» et «sexiste», tandis que les actrices Whoopi Goldberg à New York et Natalie Portman à Los Angeles exprimaient un soutien plus global au mouvement anti-harcèlement sexuel #Metoo.
Appelant à «une révolution du désir», Natalie Portman a galvanisé les manifestants en soulignant que «l'an dernier, nous parlions du début d'une révolution (...) Aujourd'hui, grâce à vous, la révolution est en marche!»
Heather Arndt, 44 ans, une artiste qui manifestait à Los Angeles, s'est indignée que Donald Trump ait pu être élu malgré «la façon dont il a traité les femmes». «Je veux qu'il sache que nous formons une force puissante et qu'on va changer ça», a-t-elle déclaré.
Au festival de cinéma de Sundance, dans l'Utah, les manifestants emmenés par Jane Fonda ont aussi bravé le froid et la neige pour manifester.
Multiples raisons de manifester
Au-delà du #Metoo, les pancartes brandies par les manifestants, qui défilaient dans une ambiance détendue, souvent avec enfants et amis, reflétaient les multiples raisons de leur opposition à l'administration Trump: du durcissement de la politique migratoire aux menaces pesant sur le droit à l'avortement en passant par des accusations d'incompétence. «Quand on élit un clown, on récolte un cirque», clamait une pancarte.
«Par où commencer? Il y a trop de choses qui ne vont pas, je ne peux pas choisir», a déclaré LeighAnn Ferrara, une mère de 35 ans, quant aux raisons qui l'ont poussée à venir manifester avec deux voisines depuis le nord de l'Etat de New York. Toutes avaient ressorti les bonnets roses tricotés pour la marche de l'an dernier.
Alors que les manifestants dénonçaient en masse les politiques de l'administration Trump un an exactement après son arrivée au pouvoir, le président américain a tâché de présenter les choses à son avantage.
Dans un tweet, il a encouragé à défiler pour «célébrer les réussites historiques et les succès économiques sans précédent des 12 derniers mois" en ajoutant: «Taux de chômage féminin au plus bas depuis 18 ans!».
Au moins un manifestant à New York, Dion Cini, a indiqué manifester «pour soutenir le président" et «le premier anniversaire de la renaissance des Etats-Unis grâce à sa victoire».
Mais à quelques exceptions près, la foule était massivement hostile au locataire de la Maison Blanche et déterminée à se mobiliser pour les élections de mi-mandat de novembre prochain, lorsque les démocrates espèrent ravir aux républicains la majorité du Congrès.
«La marche de l'an dernier avait déjà dépassé les attentes (...) A l'approche des élections de mi-mandat, je trouve que nous avons un élan formidable», s'est réjouie Vitessa Del Prete, 51 ans, une ex-militaire qui manifestait à Washington avec sa fille de 14 ans, vêtues en «Wonder Woman» et «Superwoman».
«L'objectif du jour est d'enregistrer des centaines de milliers d'électeurs à travers les Etats-Unis», a aussi affirmé Marion Novack, 71 ans, qui appelait au milieu du cortège new-yorkais à s'inscrire rapidement sur les listes électorales.
La Women's March a d'ailleurs appelé dimanche à un nouveau rassemblement à Las Vegas, dans l'Etat du Nevada (ouest), dont elle espère faire un exemple de bataille réussie pour la reconquête du Congrès.
D'autres manifestations sont prévues dimanche par les organisatrices, dans quelques villes américaines mais aussi européennes, notamment à Berlin.
Un an après, la #WomensMarch est de retour, toujours aussi virulente envers Donald Trump pic.twitter.com/AHGaS7Bscd
— CNEWS (@CNEWS) 21 janvier 2018