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Dénonciation de harceleurs : «Cela ne fait que commencer», estime une responsable de l'ONU

La responsable de la condition féminine à l'ONU, Phumzile Mlambo-Ngcuka, le 29 août 2014 à Sydney [PETER PARKS / AFP/Archives] La responsable de la condition féminine à l'ONU, Phumzile Mlambo-Ngcuka, le 29 août 2014 à Sydney [PETER PARKS / AFP/Archives]

L'avalanche d'allégations de harcèlements sexuels qui secoue Hollywood, les médias américains et d'autres pans de la société à l'étranger ne fait que commencer, estime dans un entretien à l'AFP la responsable de la condition féminine à l'ONU, Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Selon elle, les comportements vont changer après que de nombreuses femmes ont brisé le silence pour révéler des affaires ou crier leur volonté de voir les abus cesser.

"Cela ne fait que commencer, je pense que nous allons voir beaucoup plus de femmes prendre la parole", souligne la responsable de l'ONU. "Elles vont s'exprimer de plus en plus".

L'ancienne vice-présidente sud-africaine, qui défend l'égalité des sexes à l'ONU depuis 2013, considère dans le même temps que le point de basculement vers un changement radical de comportement n'a pas encore été atteint.

"Il n'y a pas encore assez de gens pour penser" que ces abus représentent "un profond traumatisme et une douleur sans fin pour beaucoup de femmes", juge-t-elle. Au cours des dernières semaines, des centaines de femmes ont dénoncé des comportements passés ou actuels d'hommes puissants, parfois contraints à la démission ou licenciés, dans les milieux du cinéma, de la politique ou encore du journalisme.

Phumzile Mlambo-Ngcuka se dit surprise de voir que, dans plusieurs cas, un même homme est accusé d'abus sexuels envers plusieurs femmes ou jeunes filles. "Voir qu'un seul homme est un harceleur en série, qu'il occupe une très haute fonction, et que cela passe inaperçu pendant plusieurs années" montre "une réelle faiblesse" dans le respect et l'application des lois sur les lieux de travail, relève-t-elle.

Selon la responsable de l'ONU, la présence d'un plus grand nombre de femmes à des postes de direction pourrait aider les femmes à sortir de l'ombre en "sachant que quelqu'un de l'autre côté de la table les croira". Elle espère que la vague de dénonciations dépasse les frontières américaines et le milieu des actrices de cinéma.

Silence des hommes

"La tempête a été parfaite, mais il faut qu'elle se développe afin que d'autres femmes, qui ne sont pas célèbres, puissent trouver aussi un moyen de se guérir et que les responsables dans d'autres secteurs subissent les conséquences de leurs actes", fait-elle valoir.

Phumzile Mlambo-Ngcuka fait aussi part de son malaise face au "grand silence des hommes" qui ne se sont pas levés et qui n'ont pas pris leurs distances avec les prédateurs sexuels, en soulignant "l'importance d'un changement de comportement".

Ils doivent affirmer "qu'ils n'accepteront jamais d'assister" à de tels abus et pour ceux qui en ont commis s'engager "à ne plus jamais en commettre", affirme-t-elle.

"Il faut que les hommes réagissent, s'approprient aussi le problème en s'engageant à prendre des mesures pour le résoudre". Les responsables politiques sont décevants lorsqu'ils se détournent du sujet du harcèlement sexuel, ajoute-t-elle, "peut-être parce qu'ils craignent d'ouvrir une boite de Pandore". "Il n'y a pas de gestion forte" de ce dossier du harcèlement par "les autorités ayant le pouvoir", déplore encore la responsable de l'ONU. Seize jours de militantisme doivent débuter samedi, décrété Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes.

Il n'existe pas de données mondiales sur le harcèlement sexuel mais des études européennes montrent que 45% à 55% des femmes en sont victimes à partir de l'âge de 15 ans dans l'Union européenne.

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