Donald Trump entame ce dimanche l'ultime étape de son marathon asiatique. À Manille, aux Philippines, en marge du sommet de l'Asean, il doit rencontrer son homologue philippin, le très controversé et volcanique Rodrigo Duterte.
Tous deux élus en 2016, les deux dirigeants se ressemblent beaucoup, à tel point que Duterte est souvent surnommé le Trump d'Asie. Retour sur les points communs de ces deux populistes.
Une politique clivante et dangereuse
En février dernier, Amnesty International s'inquiétait dans son rapport annuel de l'émergence des discours de haine, et visait les Philippines aussi bien que les États-Unis.
«Les discours clivants de Donald Trump, Viktor Orban (Hongrie), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Rodrigo Duterte (Philippines)... s'acharnent sur des groupes entiers de population, les désignent comme boucs émissaires et propagent l'idée selon laquelle certaines personnes sont moins humaines que d'autres», les premiers visés étant les réfugiés, dénonçait ainsi l'ONG.
Et de citer le décret anti-immigration fermant temporairement les frontières des États-Unis aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, suspendu depuis.
Rodrigo Duterte est quant à lui pointé du doigt par les défenseurs des droits de l'Homme pour sa campagne féroce de lutte contre la criminalité. Depuis son arrivée au pouvoir voilà seize mois, la police a annoncé avoir abattu 3 967 personnes, quand des inconnus ont tué 2 290 suspects dans des affaires de drogue.
Documentaire de la BBC retraçant la «guerre de la drogue» menée par Duterte depuis son arrivée au pouvoir.
Mais, le dirigeant n'a que faire des remontrances des ONG. «Je n'ai pas peur des préoccupations relatives aux droits de l'Homme. Je ne vais pas permettre que mon pays dégénère», avait-il affirmé en juillet 2016.
Ce dimanche, alors que différents organismes ont exhorté le locataire de la Maison Blanche à aborder avec Duterte le sujet des droits de l'homme, le président philippin a affirmé qu'il n'en serait rien. Il a même ajouté que Donald Trump lui avait au préalable adressé ses encouragements : « il a dit quelque chose du genre : 'Tu sais, tu gères cela très bien'».
Des insultes
À ceux qui critiquent sa campagne sanglante visant à lutter contre le trafic de drogue, Rodrigo Duterte répond : «fils de pute».
Celui qui insulte tous ses interlocuteurs - y compris sa propre fille lorsque celle-ci avait évoqué le viol d'une Australienne dans les années 1980 - avait pourtant «promis à Dieu lui-même d'arrêter les insultes» en octobre 2016. «Une promesse à Dieu est une promesse au peuple philippin», avait-il ainsi précisé.
Donald Trump a lui aussi souvent versé dans les insultes. Et, il s'est particulièrement illustré lors de la fronde des sportifs américains.
À propos de l'ex-quaterback des San Francisco 49ers Colin Kaepernick, à l'origine du «mouvement» du genou à terre, Donald Trump s'était insurgé : «Est-ce que vous n'aimeriez pas voir un de ces propriétaires (d'équipe) de NFL dire, quand quelqu'un manque de respect à notre drapeau: 'sortez-moi ce fils de pute du terrain, il est viré, viré!'».
Des relations internationales tendues
Aux Philippines, c'est d'abord le pape qui avait subi les foudres de Duterte. Il n'avait pas hésité à traiter le souverain pontife de «fils de pute», à cause des embouteillages générés par sa venue à Manille.
S'en étaient suivies des attaques de même niveau contre l'ambassadeur américain, puis contre Barack Obama en marge du sommet du G20. Alors président des États-Unis, ce dernier avait choisi d'annuler leur rencontre dans l'archipel.
Quant à Donald Trump, c'est sa relation à Kim Jong-un, qui cristallise le plus de tensions. L'escalade d'insultes entre les deux dirigeants ne cesse d'augmenter.
Lors de sa première tribune à l'ONU, le 19 septembre dernier, Donald Trump a menacé de «détruire totalement» la Corée du Nord, un «régime mauvais et corrumpu», dans le cas où Washington et ses alliés seraient confrontés à une attaque de Pyongyang.
Et pourtant, une popularité intacte
A Manille, Rodrigo Duterte demeure populaire. La raison ? Les Philippins estiment que la sécurité s'est améliorée sous sa présidence.
Et le fait que ses opposants l'accusent d'orchestrer des meurtres extrajudiciaires en masse, perpétrés par des policiers corrumpus et des miliciens, n'y change rien.
La situation est similaire à Washington, où les polémiques à répétition ne font que renforcer la popularité du locataire de la Maison Blanche.
«Pour l'instant, sur un plan stratégique, tout fonctionne pour Trump. Son électorat le soutient d'une manière indéfectible. Et, s'il continue ainsi il sera réélu», assurait ainsi le spécialiste des États-Unis, Jean-Éric Branaa à Cnews Matin.