Plus de treize millions de documents baptisés «Paradise Papers», révélant une évasion fiscale de masse, ont été épluchés par un centaine de médias du monde entier.
Dimanche 5 novembre, Le Monde, associé au consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), a publié son enquête issue de ces leaks.
Ces fuites de documents, dont la majorité provient du cabinet Appleby, révèlent l'implication de nombreuses personnalités dans la pratique d'une forme d'optimisation fiscale grâce à de savants montages financiers. Au total, ce sont 350 milliards d'euros qui échapperaient ainsi à l'administration fiscale.
Contrairement à l'affaire des «Panama Papers» qui révélait un système de blanchiment d'argent et de fraude fiscale, les «Paradise Papers» mettent en lumière des pratiques à la limite de la légalité, exploitant les «failles du système fiscal international», d'après Le Monde. Voici les premières personnalités impliquées.
La reine d'Angleterre
«Shocking»... la reine apparaît dans les «Paradise Papers». D'après l'enquête menée par le consortium international des journalistes (ICIJ), Elisabeth II est propriétaire du domaine privé du Duché de Lancaster via lequel elle a investi 7,5 millions de dollars dans un fonds situé aux îles Caïmans en 2005. Or ce placement lui aurait rapporté 360.000 dollars trois ans plus tard, un revenu qui ne sera pas soumis à l'impôt.
Plus problématique encore pour l'image de la reine, le fonds aurait investi dans un autre fonds gérant «BrightHouse», une chaîne de magasins de meubles et d'électroménagers décriée outre-Manche. La société est notamment vivement critiquée pour les crédits qu'elle propose à ses clients avec un taux d'intérêt de 99,9 %.
Des proches de Donald Trump
Parmi les personnalités citées dans les Paradise Papers, figurent plusieurs membres de l'administration du président américain : le secrétaire d'Etat, Rex Tillerson, le conseiller économique Gary Cohn et le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross.
Wilbur Ross est particulièrement égratigné par ces révélations. Le ministre, dont la fortune atteint trois milliards de dollars d'après Le Monde, a en effet investi dans Navigator Holdinds, une société de transport maritime de gaz liquéfié russe, effectuant des «affaires» avec SIBUR, une compagnie de gaz et de pétrôle proche de Valdimir Poutine.
Outre-Atlantique, le secrétaire d'Etat est malmené pour avoir conservé ces placements malgré le vote de sanctions contre Moscou, cet été, accusé d'ingérence dans la dernière élection présidentielle américaine.
Un proche de Justin Trudeau
Justin Trudeau, le premier ministre canadien, est également éclaboussé par cette affaire puisqu'un de ces proches est cité dans les fuites du «Paradise Papers». S'il ne s'agit pas d'un membre de son gouvernement, il s'agit de son ami d'enfance, Stephen Bronfman, un milliardaire canadien.
Ce dernier, ancien trésorier de la campagne de Justin Trudeau en 2015, s'est adonné au sport de l'évasion fiscale via un trust (ou une fiducie) aux Iles Caïmans. Ce montage pourrait être jugé illégal, relevant de la fraude fiscale.
Des sportifs de haut niveau
Le champion de F1 Lewis Hamilton fait aussi partie des personnalités visées. Le sportif aurait ainsi pu s'offrir un jet privé tout en économisant 3 700 000 euros de TVA.
Des entreprises internationales
Les multinationales Nike et Apple sont également mises en cause par ces révélations. Nike a notamment transféré les droits de propriété intellectuelle qu'il détient sur sa célèbre virgule dans une société offshore.
Des emails échangés entre Apple et le cabinet Appleby font aussi état de l'intention de la firme de Cupertino d'échapper à l'impôt via des montages financiers.
Enfin, la société minière Glencore figure également dans les documents des «Paradise Papers».