Modèle de longévité, la chancelière allemande Angela Merkel s’apprête à entamer un quatrième mandat. Sans doute le plus difficile depuis son arrivée au pouvoir.
Elle a vu se succéder quatre présidents français, trois présidents américains et trois Premiers ministres britanniques. Douze ans après sa première victoire, la chancelière allemande Angela Merkel a remporté hier, à la tête de la CDU, les élections fédérales allemandes.
Une victoire moins écrasante que les précédentes, avec «seulement» 33 % des suffrages, mais suffisante pour lui garantir d’être reconduite à la tête de l’exécutif, lorsqu’elle aura formé une nouvelle coalition. S’inscrivant dans le sillage de ses prédécesseurs historiques Konrad Adenauer et Helmut Kohl, Angela Merkel s’apprête donc à entamer un quatrième mandat.
Le stabilité selon «Mutti»
La chancelière a fait campagne sur la préservation d’«une Allemagne où il fait bon vivre», et l’argument semble avoir fait mouche. Avec une croissance de 1,9 % en 2016 et un taux de chômage historiquement bas, autour de 5,6 %, les Allemands se sont laissés convaincre par la promesse de la continuité.
Angela Merkel, que beaucoup surnomment «Mutti» (Maman), incarne en effet la stabilité, et se montre rassurante jusque dans ces revirements.
Que ce soit en décidant du jour au lendemain de sortir du nucléaire, en 2011, ou d’accueillir sans restriction les demandeurs d’asile, en 2015, elle a montré qu’elle pouvait faire des choix audacieux sans mettre en danger l’équilibre économique du pays.
Et si ces mesures politiques inattendues constituaient, pour certains, des signes de son inconstance, d’autres y ont vu, au contraire, des exemples de son pragmatisme. «Elle n’est pas dans la grande vision ni dans la grande stratégie, mais dans la résolution des problèmes au cas par cas», explique Marion Van Renterghem, auteur du livre Angela Merkel, l’ovni politique.
Une méthode qui séduit en Allemagne, où les discours trop idéologiques sont associés aux traumatismes du nazisme et du communisme. D’autant, souligne la biographe, que la chancelière est appréciée pour sa discrétion : «elle montre qu’on peut être à la tête d’une grande puissance, tout en restant d’une simplicité extrême».
L’extrême-droite au Parlement
Malgré la victoire, l’heure n’est pas aux effusions de joie pour Angela Merkel, confrontée à l’entrée au parlement des populistes xénophobes de l’AfD. Avec 13 % des suffrages, ils s’imposent comme la troisième force politique du pays, devant les libéraux du FDP (10 %), les Verts (9 %) et la gauche radicale de Die Linke (9 %).
Un choc pour l’Allemagne, qui n’avait pas porté un seul député d’extrême droite au Bundestag depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La chancelière, déjà aux prises avec la montée du populisme sur la scène internationale depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, va désormais devoir y faire face au sein de son propre parlement.