L'épouse d'un des leaders de l'opposition vénézuélienne, Lilian Tintori, a affirmé samedi que son passeport avait été confisqué alors qu'elle devait gagner l'Europe avec le chef du parlement vénézuélien, entraînant des protestations de Madrid.
«Il m'est interdit de quitter le pays. La dictature tente d'empêcher que nous fassions une importante tournée internationale», a écrit Lilian Tintori, épouse de l'opposant Leopoldo Lopez et qui se présente comme une militante des droits de l'homme, sur Twitter.
«L'interdiction de sortie infligée à Lilian Tintori est lamentable. On peut enfermer les personnes, mais pas les idéaux. Liberté pour le Venezuela», a écrit ensuite le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy, sur Twitter.
#URGENTE Me acaban de prohibir de salida del país. La dictadura lo que quiere es impedir que hagamos una gira internacional muy importante pic.twitter.com/3W4I5aBj79
— Lilian Tintori (@liliantintori) 2 septembre 2017
Le ministère des Affaires étrangères espagnol a pour sa part condamné «cette nouvelle violation des droits de l'homme au Venezuela qui ne contribue pas à régler de manière pacifique et démocratique la crise dans ce pays». L'opposante a assuré, photo à l'appui, qu'elle s'était rendue à l'aéroport en compagnie des ambassadeurs d'Espagne, d'Allemagne et d'Italie afin qu'ils constatent qu'elle était empêchée de quitter le territoire. Le ministère des Affaires étrangères espagnol a confirmé la présence de son ambassadeur au côté de Lilian Tintori, ainsi que d'autres diplomates de l'Union européenne.
Dans un communiqué diffusé à Madrid par l'opposition, Lilian Tintori assure qu'elle devait voir les chefs de gouvernement de France, d'Espagne, d'Allemagne et du Royaume-Uni et promet que «cette nouvelle intimidation», par «un régime dictatorial», ne fera pas taire les opposants au président socialiste Nicolas Maduro. Le chef du Parlement vénézuélien, seul organe d'Etat contrôlé par l'opposition à Nicolas Maduro, avait auparavant annoncé qu'il allait rencontrer «dans les prochains jours» le président français Emmanuel Macron ainsi que les chefs de gouvernement allemand, espagnol et britannique Angela Merkel, Mariano Rajoy et Theresa May.
Une «dictature» pour Macron
«Au cours des prochains jours nous allons rencontrer Macron, Merkel, Rajoy et la Première ministre britannique Theresa May», chefs d'Etat ou de gouvernement qui ont vertement critiqué Nicolas Maduro ces dernières semaines, a écrit Julio Borges sur son compte Twitter. En Espagne, l'agenda officiel du président du gouvernement Mariano Rajoy, consulté par l'AFP, annonce bien la rencontre, prévue mardi, en compagnie de Lilian Tintori. Les rencontres évoquées dans d'autres capitales n'étaient pas confirmées. Emmanuel Macron a qualifié mardi de «dictature» le régime du Venezuela, pays plongé depuis des mois dans une profonde crise économique, politique et institutionnelle.
L'Allemagne avait quant a elle dénoncé comme non démocratique l'élection d'une Assemblée constituante fin juillet. L'Espagne et le Royaume-Uni ont eux aussi critiqué la mise en place de cette Constituante, comme l'ont fait une dizaine de pays latino-américains, les Etats-Unis ou encore l'Union européenne. Cet organisme dont les membres sont issus du chavisme, le courant au pouvoir, s'est emparé des pouvoirs législatifs de l'Assemblée nationale, contrôlée par l'opposition depuis la fin 2015. Nicolas Maduro, très impopulaire dans les sondages, est confronté à des manifestations régulières de l'opposition qui réclame sa démission. Près de 130 personnes ont été tuées en quatre mois de manifestations contre le gouvernement.