Emmanuel Macron, en déplacement en Roumanie, a estimé jeudi que faute d'amendement de la directive européenne sur le travail détaché, le «dumping fiscal» pratiqué dans certains pays de l'Est risquait de mener à un «démantèlement de l'UE».
«Certains politiques ou milieux d'affaires» en Europe veulent «toucher les fonds structurels et développer un modèle qui est le dumping fiscal et social», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bucarest.
Si rien n'est fait, «ça éclatera», ce sera «un démantèlement de l'Union européenne», car «aucune opinion publique des pays fortement développés n'acceptera le système tel qu'il fonctionne», a estimé le chef de l'Etat français.
Emmanuel Macron a rencontré jeudi à Bucarest le président roumain Klaus Iohannis, au deuxième jour d'une tournée en Europe de l'Est pour promouvoir un durcissement de la directive sur le travail détaché. Comme promis durant sa campagne, le président français espère obtenir fin octobre à Bruxelles un accord majoritaire pour raccourcir la durée du travail détaché et renforcer les contrôles contre les fraudes.
Soutien de l'Autriche
La veille, il a rencontré les dirigeants autrichien, tchèque et slovaque. L'Autriche a appuyé la position française, mais la République tchèque et la Slovaquie, plus prudentes, ont accepté de rechercher rapidement un compromis, sans s'engager sur le fond.
Egalement prudent, le président roumain a reconnu le «fort mécontentement» en Europe de l'Ouest sur ce dossier et estimé qu'il fallait «améliorer cette directive», mais sans «éliminer la concurrence ou le marché libre».
Il a aussi souhaité séparer la question des transporteurs routiers qui circulent en Europe, sujet très sensible en Roumanie, ce que Paris a accepté. «Nous aurons ensuite une autre négociation sur le transport routier», a ainsi confirmé Emmanuel Macron, un geste envers la Roumanie mais aussi la Bulgarie ou l'Espagne.
Autre geste de la France, Emmanuel Macron s'est dit prêt à soutenir la demande de la Roumanie d'entrer dans l'espace Schengen, mais seulement quand ce dernier aura été réformé. «Vous êtes en droit de demander votre intégration dans Schengen. J'y suis totalement ouvert» a-t-il lancé.