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Trump fait monter la fièvre, la communauté internationale temporise

Chaque nouvelle prise de parole du président américain fait un peu plus monter la pression entre Corée du Nord et Etats-Unis.[Tasos Katopodis / AFP]

Donald Trump a de nouveau menacé vendredi d'employer la force contre la Corée du Nord, affirmant que les options militaires «sont en place» et «prêtes à l'emploi». La communauté internationale tente de calmer la situation, et Emmanuel Macron s'est entretenu avec le président américain. 

Ce, en dépit des appels à la retenue de la Chine pour tenter de calmer une surenchère verbale sans précédent entre Washington et Pyongyang.

«Les solutions militaires sont maintenant complètement en place, et prêtes à l'emploi, si la Corée du Nord se comporte imprudemment», a déclaré le président américain sur son compte Twitter. «J'espère que Kim Jong-Un trouvera une autre voie !», a-t-il ajouté.

Plus tôt vendredi, la Chine avait tenté de faire retomber la fièvre. Pékin a enjoint aux Etats-Unis et à la Corée du Nord de «faire preuve de prudence» et a exhorté Pyongyang à éviter les «démonstrations de force». 

«Nous appelons toutes les parties à faire preuve de prudence dans leurs mots et leurs actions, et à agir davantage pour apaiser les tensions», a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Mais le président américain a au contraire multiplié les déclarations bellicistes. Jeudi, Donald Trump a défendu sa formule controversée promettant «le feu et la colère» à Pyongyang estimant qu'elle n'était «peut-être pas assez dure».

«Il est grand temps que quelqu'un parle haut et fort pour les habitants de notre pays et les habitants d'autres pays», a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances.

Interrogé sur d'éventuelles frappes préventives contre la Corée du Nord, Donald Trump est resté évasif et a affirmé que les Etats-Unis se préparent «à de nombreux scénarios différents». «Si la Corée du Nord fait quoi que ce soit - ne serait-ce qu'en songeant à attaquer des gens que nous aimons, ou nos alliés, ou nous-mêmes - ils devront vraiment s'inquiéter», avait-il ajouté.

Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis avait de son côté semblé jeudi plus prudent que l'hôte de la Maison Blanche, insistant sur le fait que «l'effort américain est porté par la diplomatie» et mettant en garde contre le scénario «catastrophique» d'un conflit armé.

Le Pentagone n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de l'AFP sur les dernières déclarations du président américain.

Plan d'attaque sur Guam

La Corée du Nord avait réagi au changement de ton à Washington en menaçant de lancer une attaque contre l'île américaine de Guam, avant-poste stratégique des forces américaines dans le Pacifique. L'armée doit présenter au jeune dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un un plan d'offensive contre Guam d'ici la mi-août, selon les militaires nord-coréens.

Quatre missiles seront tirés simultanément, a expliqué l'armée. Les engins, passant au-dessus du Japon, «voleront 17 minutes et 45 secondes sur une distance de 3.356,7 km, et s'écraseront en mer à 30 ou 40 km de Guam». Ils s'abîmeraient ainsi à l'extérieur des eaux territoriales américaines.

Selon les analystes, des tirs vers Guam placeraient Washington dans une position délicate : s'il ne tente pas de les intercepter, sa crédibilité en prendrait un coup et Pyongyang se sentirait pousser des ailes pour mener un test d'ICBM grandeur nature.

Donald Trump estime que la Chine, principal partenaire économique de Pyongyang, qui doit «faire beaucoup plus» pour mettre la pression sur son turbulent voisin. «Cela ne va pas continuer comme ça» a-t-il tonné jeudi.

La communauté internationale s’inquiète

Pékin prône une résolution «négociée» du dossier nord-coréen, renvoyant dos à dos Washington et Pyongyang. La diplomatie chinoise a de nouveau appelé vendredi «toutes les parties» à «faire preuve de prudence dans leurs mots et actions (...) et à renforcer la confiance entre eux, plutôt que de recourir à de vieilles recettes consistant à enchaîner les démonstrations de force».

Le Chine avait ainsi proposé à plusieurs reprises, pour désamorcer la crise, un double «moratoire» : l'arrêt simultané des essais nucléaires et balistiques nord-coréens d'une part et celui des manœuvres militaires conjointes des Etats-Unis et de la Corée du Sud d'autre part.

Pékin a également approuvé samedi à l'ONU une septième volée de sanctions économiques internationales contre la Corée du Nord, en réponse au tir par ce pays de tirs de missiles intercontinentaux. Ces sanctions étaient proposées par Washington. 

Cette montée des tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord pèse sur les marchés financiers et inquiète de nombreux dirigeants mondiaux. «Je ne vois pas de solution militaire à ce conflit», a mis en garde vendredi la chancelière allemande Angela Merkel. «L'Allemagne va participer de manière intensive aux possibilités de résolutions non militaires, mais je considère l'escalade verbale comme une mauvaise réponse», a-t-elle ajouté.

Par la voix de Sergueï Lavrov, son chef de la diplomatie, la Russie s’est également déclarée «très inquiète» face aux risques de conflit. «Les risques sont très élevés, surtout en prenant compte la rhétorique employée. Il y a des menaces directes d'employer la force», a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des jeunes retransmise à la télévision. «C'est pour cela, bien sûr, que nous sommes très inquiets», a-t-il indiqué, ajoutant qu'il revenait au «plus fort et plus intelligent» de faire «un pas pour s'éloigner de la ligne dangereuse».

Macron appelle à «prévenir toute escalade des tensions»

Dans un communiqué, le chef de l'Etat fait part «de sa préoccupation devant l'aggravation de la menace balistique et nucléaire en provenance de Corée du Nord, qui porte atteinte à la préservation de la paix et de la sécurité internationales».

«Le régime nord-coréen est aujourd'hui engagé dans une escalade dangereuse, qui fait peser une menace sérieuse sur la sécurité de ses voisins, ainsi que sur la pérennité du régime international de non-prolifération», écrit l'Elysée.

«Face à cette menace, la communauté internationale doit agir de façon concertée, ferme et efficace, comme elle vient de le faire au Conseil de sécurité, afin d'amener la Corée du Nord à reprendre sans condition la voie du dialogue», poursuit la présidence française.

«Avec les autres membres du Conseil de sécurité», la France demande à la Corée du Nord «de se conformer sans délai à ses obligations internationales et de procéder au démantèlement complet, vérifiable et irréversible de ses programmes nucléaires et balistiques».

Emmanuel Macron assure par ailleurs «les alliés et partenaires de la France dans la région de sa solidarité dans la période actuelle».

Le chef de l'Etat s'est également entretenu samedi au téléphone avec son homologue américain Donald Trump, poursuivant, selon l'Elysée, «l'objectif d'amener la Corée du Nord à se conformer à ses obligations internationales». «Les deux présidents sont convenus de rester en contact au cours des prochains jours», a précisé la présidence française.

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