L'escalade verbale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord a connu une nouvelle étape jeudi, quand Donald Trump a défendu sa formule controversée sur "le feu et la colère" promis à Pyongyang, estimant qu'elle n'était "peut-être pas assez dure".
Plusieurs solutions de sortie de crise sont toutefois envisagées par les analystes.
Retour aux négociations
La Corée du Nord dispose de l'arme nucléaire, et, selon le Washington Post, le renseignement militaire américain en est désormais convaincu: Pyongyang a réussi à miniaturiser suffisamment une bombe atomique pour l'embarquer sur l'un de ses missiles intercontinentaux.
Il faut accepter le fait que la Corée du Nord possède maintenant des armes nucléaires, ce qui rend toute action militaire impossible car trop dangereuse, expliquent certains spécialistes.
"Pour les Etats-Unis, il ne reste plus qu'à négocier avec la Corée du Nord, pour essayer de réduire les tensions et résoudre certains conflits. Il ne faut plus essayer de leur enlever l'arme nucléaire", développe Jeffrey Lewis, chercheur à l'Institut Middlebury des études internationales.
Dans les années 2000, Pyongyang semblait avoir commencé à se faire à l'idée d'un ralentissement et d'un contrôle de son programme nucléaire, après des discussions multilatérales avec la Chine, la Russie, le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud. Mais le pays était alors dirigé par Kim Jong-Il. Son fils et actuel leader, Kim Jong-Un, a pour sa part refusé tout dialogue.
Pressions de la Chine
Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord le week-end dernier.
ci-dessus
La Russie et la Chine - alliée et partenaire économique du régime nord-coréen - ont approuvé ces mesures, qui pourraient coûter à Pyongyang un milliard de dollars annuels en revenus. La Chine compte pour 90% des échanges commerciaux de la Corée du Nord et a déjà été accusée dans le passé de ne pas vouloir appliquer des sanctions qu'elle avait votées contre le régime coréen.
Pékin jouera donc un rôle important en cas de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, mais craint un effondrement du régime de Kim Jong-Un. Donald Trump n'a pour sa part pas épargné la Chine et a exhorté le pays à durcir le ton avec la Corée du Nord. "La Chine peut faire beaucoup plus", a ainsi déclaré le président américain jeudi.
La guerre
Les scénarios du Pentagone en cas d'intervention militaire varient de la frappe chirurgicale sur des cibles précises, à l'attaque préventive pour pousser à un soulèvement de la population nord-coréenne et renverser Kim Jong-Un. Mais toute intervention armée entraînerait de la part de Pyongyang des conséquences difficiles à imaginer précisément, mais à la gravité certaine.
Le ministre de la Défense Jim Mattis a déjà mis en garde contre la dangerosité des représailles de Pyongyang, en expliquant qu'elles seraient "d'un niveau inédit depuis 1953", et la fin de la guerre de Corée. Kim Jong-Un a amassé des unités d'artillerie à la frontière avec la Corée du Nord, à seulement 55 kilomètres de Séoul.
Mais le scénario d'une guerre ouverte entre les deux pays semble être encore peu probable. C'est bientôt la saison des récoltes en Corée du Nord et Kim Jong-Un n'a pas annoncé de mobilisation militaire, qui viderait dangereusement ses usines et ses champs de récolte, faisant risquer une famine à son peuple, selon Joe Bermudez, analyste pour le site "38 North".
"Kim Jong-Un n'est pas une personne bête. Il est très peu probable qu'il mobilise ses troupes à cette période", assure-t-il.