Sur la table d'opération, quand le commun des mortels dort du sommeil du juste, Abhishek Prasad, lui, joue de la guitare.
Cet Indien de 37 ans a récemment subi une intervention chirurgicale pour traiter son syndrôme de «dystonie de fonction», un trouble moteur dû à une contraction involontaire des muscles de la main et des doigts.
Hantise des musiciens (et des écrivains), cette affection l'avait frappé il y a neuf mois, l'obligeant à suspendre prématurément sa carrière de guitariste, a rapporté vendredi la BBC. Une seule solution : la chirurgie par stimulation cérébrale.
«Je me suis senti comme un générateur électrique»
Réalisée à Bangalore la semaine dernière, l'opération, très onéreuse, consiste à implanter des électrodes dans le cerveau du patient. Objectif : délivrer un courant électrique destiné à «fatiguer» les neurones déréglés, les empêchant ainsi de transporter les mauvais influx nerveux. Mais pourquoi une guitare sur le billard ?
Parce qu'à chaque fois qu'ils «grillaient» un circuit de son cerveau, les médecins exigeaient du patient qu'il joue quelques notes, afin de jauger à l'oreille les éventuelles améliorations. C'est après la sixième décharge électrique que les doigts du patient se sont ouverts d'un coup, que le musicien a retrouvé le plein emploi de sa main gauche et entamé un morceau plus long pour fêter ça.
Conscient tout au long de l'intervention, il se rappelle du moindre détail de la procédure. «Je me suis senti comme un générateur électrique pendant l'opération», a raconté Abhishek Prasad après coup, précisant qu'il n'avait ressenti «aucune douleur», anesthésie locale oblige. À sa sortie de l'hôpital, le musicien était de nouveau capable de jouer avec brio à la guitare. Depuis, il se réconcilie avec son talent.
Dans le même genre, ce violoniste atteint d'une tumeur au cerveau qui, en 2009, avait joué pendant son opération chirurgicale aux Etats-Unis.