Selon les experts, avant l'an 2050, 42 millions de maison indonésiennes seront envahies par les eaux, et 2.000 îles seront submergées. Ce processus catastrophique a déjà commencé, et force de nombreux habitants de cet archipel à l'exil.
Les villages côtiers sont les premiers à subir les conséquences de cette montée des eaux, directement liée au changement climatique. Dans un reportage publié par Al Jazeera, le village de Pantai Bahagia, situé à un kilomètre de la mer sur la partie occidentale de l’île de Java, offre un paysage dévasté.
Pourtant, il y a quelques décennies seulement, ce village de pêcheurs était prospère : une centaine de familles vivait de l’élevage de crevettes et de poissons, et occupait de vastes maisons.
Mais dès 2005, la mer a commencé à lécher les abords des maisons, et les détruit un peu plus chaque année. Si bien que 80% de la population a été contraint d’abandonner les maisons, tandis que les irréductibles qui résistent contre une invasion qui semble inexorable peinent à survivre.
Une progression que rien n'arrête
C’est le cas de Wawan, de sa femme et de leurs trois enfants, qui refusent d’abandonner la grande maison familiale. Pour tenter de la préserver, le chef de famille a dû rehausser le sol de la bâtisse à plusieurs reprises. Mais hisser le sol de sa maison à un mètre cinquante au-dessus de son niveau original n’a suffi à protéger sa famille de l’eau, qui a inondé la totalité du foyer l’année dernière.
Quant à Salam, qui vit dans ce village depuis trente ans avec son épouse, ils ne peuvent se permettre d’aller vivre ailleurs même s’ils vivent désormais les pieds dans l’eau, car ils n’en ont pas les moyens. Il est en effet devenu difficile de gagner de quoi vivre décemment depuis que l’eau est partout : la culture des crevettes n’est plus possible, car les bassins sont inondés. Les pêcheurs chassent donc des crabes, qui rapportent bien moins d’argent.
La mosquée du village, l’école, et même le cimetière sont sous les eaux. La situation est telle que les habitants qui y demeurent toujours doivent attendre que l’eau se retire un peu pour enterrer leurs morts.
Dans l’espoir de freiner un peu cette lente immersion, des associations et le gouvernement ont planté des pieds de mangrove pour retenir l’eau. Mais les villageois ont assuré à Al Jazeera qu’ils n’avaient constaté aucun changement.