A l'heure où les Casques bleus des Nations Unies s'apprêtent à quitter le pays après treize années de présence, Haïti se dote de nouveau d'une armée en évoquant un besoin de «reconquérir la souveraineté nationale».
Lundi a ainsi débuté une campagne de recrutement, la première depuis la démobilisation de l'armée en 1995. Des centaines de jeunes postulants âgés de 18 à 25 ans attendaient de déposer un dossier et passer les premiers entretiens pour faire partie des 500 soldats sélectionnés par concours.
L'initiative a suscité l'engouement d'une jeunesse désoeuvrée dans un pays marqué par le chômage endémique et la pauvreté extrême. Les autorités ont voulu que cette nouvelle force de défense soit mixte mais, parmi les candidats, les filles se comptaient sur les doigts de la main.
Sans aucun ennemi déclaré et une menace terroriste au plus bas, le pays le plus pauvre de la Caraïbe souhaite avant tout avoir une meilleure surveillance de sa frontière, pour mettre un terme à la contrebande qui nuit à son économie. Dans ce pays très vulnérable aux aléas climatiques, les soldats ont également vocation à être déployés dans les régions éventuellement touchées par des catastrophes naturelles.
Dans tous les cas, aucun des aspirants-soldats n'est suffisamment âgé pour se souvenir des Forces armées d'Haïti (FADH). La démobilisation des FADH a été décrétée en 1995 par le président Jean-Bertrand Aristide après son retour d'exil, causé par un coup d'Etat militaire dont il a été victime en 1991, sept mois à peine après son arrivée au pouvoir.