Le président chinois Xi Jinping a assisté vendredi, au deuxième jour de sa visite à Hong Kong, au plus important défilé militaire organisé dans l'ex-colonie britannique depuis qu'elle est redevenue chinoise il y a exactement 20 ans.
Cette démonstration de force est intervenue quelques heures après la libération de plusieurs militants pro-démocratie qui avaient été arrêtés mercredi quand ils manifestaient leur rejet d'un durcissement de l'emprise chinoise sur leur ville. Xi Jinping est arrivé jeudi à Hong Kong, au milieu d'un important dispositif de sécurité, pour les cérémonies du vingtième anniversaire de la rétrocession de la ville divisée, où une partie de la population est convaincue que Pékin ne respecte plus le fameux principe «Un pays, deux systèmes».
Celui-ci garantit à Hong Kong, en théorie jusque 2047, des libertés inconnues en Chine continentale. Vêtu d'un costume Mao noir, le président chinois a assisté vendredi matin à un grand défilé militaire sur une base aérienne verdoyante du nord de Hong Kong.
Alors que la jeep à l'arrière de laquelle il était juché avançait lentement devant des rangées de militaires de l'armée de terre, de l'armée de l'air et de la marine chinoises, Xi Jinping lançait des «Bonjour camarades!» aux troupes, qui répondaient ensemble : «Bonjour président!». Des véhicules lance-missiles, des blindés et des hélicoptères de combat étaient soigneusement alignés au sol.
Wong et Law libérés
En toile de fond, une gigantesque bannière affirmait: «"Un pays, deux systèmes", cette grande politique, est totalement mise en oeuvre». L'Armée populaire de libération (APL), qui est officiellement chargée de la défense de Hong Kong, ne compte que des militaires de Chine continentale. Nombreux étaient les Hongkongais qui, le souvenir de la répression du Mouvement de Tiananmen en tête, redoutaient en 1997 l'arrivée de l'armée chinoise. Mais force est de constater que l'APL se fait extrêmement discrète depuis 20 ans dans l'ex-colonie britannique, où elle est quasiment invisible.
Un énorme dispositif de sécurité comptant des milliers de policiers a été déployé pour tenir à bonne distance une frange de la population locale qui dénonce l'influence politique grandissante de Pékin sur les affaires de l'ex-colonie britannique. Le leader étudiant Joshua Wong et le jeune député Nathan Law, deux des visages du mouvement prodémocratie hongkongais, faisaient partie des 26 activistes arrêtés mercredi soir pour «trouble à l'ordre public» pour une action dans le centre de Hong Kong. Ils ont été libérés dans la nuit de jeudi à vendredi après avoir menacé de contester devant la Haute Cour la légalité de leur incarcération. Ils n'ont pas été inculpés mais libérés sous caution avec une convocation en septembre.
Graffitis antichinois
La presse a cependant fait état de l'arrestation de trois personnes pour des graffitis antichinois sur des panneaux de signalisation. Certains slogans claironnant : «Hong Kong chute depuis 20 ans». Hong Kong Indigenous, un mouvement défendant l'indépendance du territoire, a affirmé sur sa page Facebook qu'un de ses membres avait été arrêté pour un graffiti, de même que deux de ses proches.
L'enjeu pour Pékin est d'éviter tout ce qui pourrait entraver le bon déroulement de cette première visite de M. Xi en qualité de président, à quelques mois d'un congrès du Parti communiste chinois censé conforter son pouvoir. La ville du delta de la rivière des perles jouit sur le papier depuis 20 ans de privilèges uniques par rapport au continent, comme la liberté d'expression, un système judiciaire indépendant ou encore une dose de suffrage universel dans la désignation de son organe législatif.
Mais plusieurs incidents ont renforcé les craintes quant à l'attitude de la Chine, et notamment la «disparition» en 2015 de cinq libraires, connus pour publier des titres salaces sur les dirigeants chinois. Ils avaient ensuite refait surface sur le continent. Une mouvance radicale, favorable à l'autodétermination voire à l'indépendance, est apparue dans la foulée de l'échec du "Mouvement des parapluies" de 2014.