Des journalistes mexicains ont protesté mercredi à coups de SOS contre la mort d'un de leurs collègues, le sixième tué cet année au Mexique, l'un des pays les plus dangereux pour exercer cette activité.
Des collègues de Salvador Adame ont peint sur le sol en lettres géantes "SOS Presse" à Mexico, ainsi que dans le Michoacan où le journaliste a été enlevé et tué, et dans six autres Etats du pays. «L'idée est d'éveiller les consciences sur la situation de vulnérabilité dans laquelle nous nous trouvons tous, photographes, cameramen, éditeurs, rédacteurs, tous journalistes», a expliqué Enrique Castro, qui a organisé la manifestation à Morelia, la capitale de l'Etat du Michoacan (ouest).
«Au Mexique, tu ne sais jamais quand quelqu'un va venir pour te tuer ni pour quelle raison, si c'est à cause de ton travail, comme dans notre cas, ou s'il s'agit d'un crime au hasard ou d'une vengeance personnelle». Environ 50 journalistes ont protesté devant le siège du gouvernement de cet Etat, une douzaine d'autres sur le Zocalo, dans le centre de Mexico.
Les manifestants tenaient, en silence, des photos de Salvador Adame, 44 ans, qui dirigeait la chaîne locale Canal 6TV. «Le problème c'est qu'il n'y a jamais d'arrestations, jamais de condamnations. Ils continuent de nous tuer et de nous attaquer», dénonçait à l'AFP le photographe indépendant Victor Galindo. M. Adame a été enlevé par des hommes armés le 18 mai dans la localité de Nueva Italia.
Les autorités ont annoncé lundi avoir retrouvé son corps carbonisé le long d'une route. Le procureur de l'Etat du Michoacan a avancé que le probable mobile était un différend personnel.
La famille et les collègues du reporter ont condamné ces affirmations et demandé à ce que l'enquête se concentre sur l'hypothèse d'un crime lié à son activité journalistique. Le reporter avait été kidnappé au lendemain d'un discours du président Enrique Peña Nieto s'engageant à renforcer les mesures de sécurité pour les journalistes et mettre fin à l'impunité qui prévaut dans plus de 90% des meurtres.
Depuis 2000, plus de 100 journalistes ont été tués au Mexique et 20 sont portés disparus. L'an dernier, 11 reporters ont été tués dans le pays, un chiffre record. Le Mexique connaît une vague de violences depuis 2000 qui a fait plus de 200.000 morts ou disparus.