Le Vatican réfléchit à une mesure pour excommunier tous les mafieux et corrompus, quel que soit leur pays d'appartenance, indique dimanche la presse italienne à l'issue d'une réunion internationale qui s'est tenue au Saint-Siège.
Un groupe d'une cinquantaine de personnes de plusieurs pays, hauts prélats, magistrats, diplomates, policiers de haut rang, s'était réuni au Vatican dans le cadre d'un «Débat international sur la corruption».
Ce groupe «travaille à l'élaboration d'un document conjoint qui établira les travaux successifs et les futures initiatives», indique un communiqué.
«Parmi ces dernières, il faut signaler pour le moment la nécessité d'approfondir, au niveau international et de la doctrine juridique de l'Eglise, la question relative à l'excommunication pour corruption et association mafieuse», conclut le communiqué.
Le pape François avait déjà excommunié en juin 2014 la 'Ndrangheta, la puissante mafia calabraise, lors d'une visite dans cette région du sud de l'Italie, mais les relations entre l'Eglise et le crime organisé ont été souvent ambigües : patronage de processions par des mafieux, liens ou tentatives d'influencer certains prélats, détournement de ressources d'institutions et d'œuvres caritatives, achat dans le passé de biens immobiliers du Vatican ...
Des évêques locaux avaient également excommunié des mafieux siciliens ou de Campanie, la région de Naples, mais il manque à l'Eglise catholique un document juridique d'une valeur universelle.
Un «tournant historique»
«Nous nous sommes demandés pourquoi le reste de l'Italie et du monde ne devrait pas avoir les mêmes règles. Le groupe (d'experts, ndlr) a ainsi soulevé le problèmes des narcos colombiens et mexicains : nous avons donc besoin d'un "décret pénal", un acte juridique, formel, à l'échelle nationale et mondiale», a déclaré à La Stampa Mgr Michele Pennisi, archevêque de Monreale, en Sicile, et membre du groupe de travail.
La décision du Vatican d'envisager l'excommunication «est un signal très important», assure dans le même quotidien Federico Cafiero de Raho, procureur général de Reggio di Calabria, la capitale de la Calabre.
«L'Eglise a un poids important ici. Et prendre les distances de la 'Ndrangheta signifie l'isoler et ce n'est pas rien», a-t-il dit.
Le quotidien La Repubblica affirme qu'il s'agit d'un «tournant historique» car il met sur le même plan les corrompus et les mafieux, rappelant que l'excommunication est la peine plus sévère envisagée par l'Eglise catholique à l'encontre de ses membres.