Une ressortissante allemande a été tuée et une Finlandaise a été enlevée dans une maison d'hôtes à Kaboul samedi soir au cours d'une attaque par des hommes armés, nouvelle illustration de l'insécurité régnant dans la capitale afghane.
Personne n'a pour le moment revendiqué l'assaut de ce bâtiment géré par l'ONG suédoise «Operation Mercy» au cœur de la capitale afghane.
Les chancelleries concernées en Allemagne et en Finlande observent une grande discrétion comme c'est courant dans ce genre d'affaires mais le ministère des Affaires étrangères à Berlin a confirmé le décès d'une Allemande. Et les autorités finlandaises «l'enlèvement d'une personne finlandaise», sans autres précisions.
La nouvelle a été rendue publique dans la matinée de dimanche dans un message du porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur Najib Danish, affirmant sur son compte Twitter : «Une Allemande et un garde afghan ont été tués samedi soir vers 23H30 près du poste de police n°3 à Kaboul. Une Finlandaise a été enlevée».
«L'identité des ravisseurs est inconnue»
«Pour le moment, l'identité des ravisseurs est inconnue. La Finlande appelle à la libération immédiate de la personne enlevée», a réagi le ministère finlandais des Affaires étrangères. La famille et l'employeur de celle-ci ont été prévenus, ont ajouté les autorités finlandaises qui ont annoncé qu'une enquête était en cours sur «cette affaire qui a également coûté la vie à des ressortissants d'autres pays».
Selon elles, «35 civils finlandais et une trentaine de soldats sont présents» en Afghanistan. Les Allemands de leur côté, outre les diplomates, ont plusieurs dizaines d'instructeurs militaires déployés, notamment dans le nord, sous la bannière de l'Otan.
Politique ou crapuleux
Le directeur d'«Operation Mercy», Scott Breslin, a déclaré à l'agence de presse suédoise TT que son ONG avait convoqué une réunion de crise dimanche matin, reconnaissant implicitement que l'une des victimes au moins travaillait pour son organisation. «Nous savons qu'elle est portée manquante» a-t-il simplement dit.
L'ONG travaille en particulier aux côtés des communautés afghanes pour réduire la mortalité infantile et soutenir les femmes.
Les enlèvements d'étrangers pour des mobiles politiques ou crapuleux se produisent régulièrement en Afghanistan et à Kaboul en particulier et visent principalement les employés d'ONG, moins protégés que les diplomates ou les employés de l'ONU.
Deux professeurs australien et américain de l'Université Américaine de la capitale afghane ont également été enlevés l'été dernier par des hommes portant des uniformes militaires. Les talibans ont diffusé quelques mois plus tard un enregistrement vidéo des deux hommes. Aucune nouvelle les concernant n'a été rendue publique depuis.
Cependant, les citoyens afghans sont les premières victimes de cette industrie du crime qui fonctionne à coups de demandes de rançon et dans laquelle la complicité des forces de police est régulièrement dénoncée.
La sécurité est devenue un véritable défi en Afghanistan, avec la pauvreté ambiante et la poussée des insurgés talibans sur de nombreux fronts. Face à eux, les forces de sécurité afghanes sont souvent démunies.
La police également visée
Dans la nuit de samedi à dimanche, une vingtaine de policiers ont été tués et une quinzaine blessés dans une série de six attaques coordonnées à coups de roquettes et de grenades contre leurs barrages, dans la province de Zabul (sud-est), entre Kandahar et Kaboul.
«Cette nuit vers 01h00 du matin, un groupe de talibans lourdement armés a lancé une attaque coordonnée contre les barrages de police du district de Shah Joy, dans la province de Zabul», a dit son gouverneur, Bismillah Afghanmal, à l'AFP.
Les talibans ont revendiqué cette opération dans le cadre de leur offensive de printemps. Les médias afghans assurent avoir reçu des appels désespérés des responsables locaux qui n'arrivaient pas à joindre leurs chefs.
Le patron des forces américaines en Afghanistan, le général John Nicholson, a dénoncé à plusieurs reprises le «manque de leadership» à la tête de l'armée afghane qui coûte cher en vies humaines. Et le président Ashraf Ghani a lui-même stigmatisé le ministère de l'Intérieur comme étant «le plus corrompu de tous».