Le président américain Donald Trump semble agir sans plan ni filtre, suscitant le mécontentement et l’incompréhension jusque dans son camp.
Fidèle à lui-même, il balaie les critiques en deux tweets. Alors que Washington est pris de panique, depuis ce lundi 15 mai, à l’idée que Donald Trump ait révélé des informations classifiées au ministre russe des Affaires étrangères, le président américain ne semble pas se remettre le moins du monde en question.
As President I wanted to share with Russia (at an openly scheduled W.H. meeting) which I have the absolute right to do, facts pertaining....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 16 mai 2017
Après avoir énergiquement nié toute révélation de données confidentielles, le chef d’Etat a reconnu les faits lundi, pour affirmer qu’ils n’avaient rien de condamnable. Un énième retournement qui n’étonne plus aucun observateur, mais tend à imposer dans les esprits l’idée d’un président en roue libre.
Un leader qui irrite
Pour le site américain Lawfare, référence en matière d’antiterrorisme aux Etats-Unis, l’affaire des données classifiées est «la plus grave accusation de mauvaise conduite présidentielle en quatre mois» d’administration Trump.
Concrètement, le président est soupçonné d’avoir communiqué à Sergueï Lavrov, reçu récemment à la Maison Blanche, des informations livrées aux Etats-Unis par un de leurs alliés, sur une opération de Daesh en cours de préparation. En ne niant pas ces accusations, Donald Trump hérisse le monde du renseignement, qui y voit une imprudence majeure.
Une semaine après le limogeage surprise et arbitraire du patron du FBI, James Comey, qui enquêtait justement sur les soupçons de liens entre Donald Trump et la Russie, il y a de quoi consommer la rupture entre le président et les services secrets.
Mais ces affaires ont également contribué à semer la discorde dans le camp républicain, dont certains ténors sont depuis longtemps agacés par Trump. À l’instar du sénateur John McCain ou du chef de la Commission du renseignement Richard Burr, plusieurs ont exprimé publiquement leur mécontentement.
The chaos of Trump's presidency was predictable - and in fact it was predicted with great precision. https://t.co/4Ytlsetgx9
— Anne Applebaum (@anneapplebaum) 16 mai 2017
Ces derniers rebondissements viennent en effet renforcer l’image d’un président agissant en franc-tireur. Pour l’éditorialiste du Washington Post Anne Applebaum, «aucune de ces décisions désastreuses ne faisait partie d’un plan prémédité. Chacune est le résultat de l’ignorance délibérée, de l’impulsivité et de l’inexpérience du président».
Des dégâts limités ?
La rapidité avec laquelle l’affaire des données classifiées a été révélée tend néanmoins à relativiser les risques que fait courir Donald Trump à son pays. C’est en effet une source interne à la Maison Blanche qui a fait part des faits, laissant supposer que l’administration ne lui est pas soumise, et s’impose même comme garde-fou.
De même, le patron du FBI limogé devra être remplacé, et son successeur aura besoin de l’approbation du Sénat pour entrer en fonction. Dans ces conditions, il semble peu probable qu’un candidat acquis à Donald Trump soit validé. Société civile, médias, justice et parlementaires restent vigilants. Et retiennent leur souffle, jusqu’au prochain scoop.