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Les forces irakiennes lancent la bataille pour l'ouest de Mossoul

Des combattants paramilitaires préparent des positions défensives près du village d'Ayn al-Hisan, à l'ouest de Mossoul, où les forces irakiennes s'apprêtent à lancer une offensive pour reprendre la partie ouest de Mossoul aux jihadistes de Daesh, le 18 février 2017 [AHMAD AL-RUBAYE / AFP] Des combattants paramilitaires préparent des positions défensives près du village d'Ayn al-Hisan, à l'ouest de Mossoul. [AHMAD AL-RUBAYE / AFP]

Des milliers de soldats et policiers irakiens ont lancé dimanche l'assaut pour chasser les jihadistes de l'ouest de Mossoul, les organisations humanitaires s'inquiétant du sort des 750.000 civils pris au piège d'une bataille qui s'annonce longue et dure.

L'offensive déclenchée à l'aube à partir de plusieurs directions, a permis la reprise rapide d'une dizaine de villages au sud de la deuxième ville d'Irak, sur le chemin menant vers l'aéroport de Mossoul, l'un des principaux objectifs des troupes gouvernementales. Conquise en juin 2014 par le groupe jihadiste Daesh, Mossoul est le dernier grand fief de cette organisation extrémiste en Irak. C'est à Mossoul que le chef de Daesh Abou Bakr Al-Baghdadi avait fait son unique apparition publique.

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Près de la ligne de front, sur les collines arides d'Al-Bousseif, à 5 km à vol d'oiseau de l'aéroport, d'intenses bombardements terrestres et aériens étaient visibles ou entendus, a constaté une journaliste de l'AFP. Le ciel au sud de Mossoul était couvert d'une épaisse fumée noire, alors que les convois de blindés convergeaient vers l'aéroport.

Une bataille qui risque d'être une des plus féroces

«Nous avons jusqu'à maintenant atteint tous nos objectifs. Nous nous dirigeons vers l'aéroport», a dit le général Abbas al-Joubouri, commandant de la Force d'intervention rapide (FIR), devenue incontournable dans la lutte anti-Daesh. «Ils (les jihadistes) sont désespérés», affirme Ali, membre de la FIR, à Al-Bousseif, alors que les hélicoptères survolent le secteur. «Ils (les jihadistes) vont essayer de causer le plus de pertes possibles car ils savent qu'ils vont mourir de toute façon», dit son camarade Alaa.

C'est lors d'une brève intervention télévisée que le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé le début de l'offensive, vingt-six jours après la libération totale de la partie orientale de Mossoul, dans le cadre d'une opération de grande envergure lancée le 17 octobre pour chasser Daesh de l'ensemble de la ville septentrionale. «Ninive, nous venons libérer la partie ouest de Mossoul», a proclamé M. Abadi, en parlant de la province dont Mossoul est le chef-lieu.

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Les forces irakiennes, formées de soldats, de policiers et de milices loyalistes, sont appuyées dans les airs par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et au sol par des conseillers militaires notamment américains. La coalition a annoncé avoir mené samedi neuf raids sur la région de Mossoul. Plus de la moitié des quelque 9.000 militaires de la coalition déployés en Irak sont américains et certains étaient visibles sur le front dimanche.

Selon le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, «la coalition intervient en soutien à cette opération», et «les forces américaines jouent le même rôle que pour l'est de Mossoul». «Nous poursuivrons l'accélération de nos efforts pour détruire Daesh». La violence des combats qui s'annoncent inquiète cependant l'ONU, qui veut établir rapidement de nouveaux camps dans l'éventualité d'un exode, selon Lise Grande, sa coordinatrice humanitaire en Irak.

Protéger les 350.000 enfants

L'ONG Save The Children a appelé à «tout faire» pour «protéger» les 350.000 enfants dans l'ouest de Mossoul. «Ces enfants doivent choisir entre les bombes, les combats et la faim s'ils restent et les exécutions et les tirs de snipers s'ils tentent de fuir». Assiégés depuis des semaines, les quelque 750.000 habitants de l'ouest de Mossoul vivent dans des conditions difficiles : pénuries d'eau et d'électricité, manque de nourriture et hausse des prix. Pour le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), en fin de compte le succès de l'offensive se mesurera «non pas en fonction du nombre de secteurs reconquis mais de la capacité des forces irakiennes et de la coalition à protéger les civils».

Il a fallu plus de trois mois de combats acharnés aux forces irakiennes pour venir à bout des jihadistes à Mossoul-Est. Et la reprise de la partie occidentale plus densément peuplée et aux ruelles étroites, sera plus ardue, surtout que le passage des véhicules militaires y sera difficile. De plus, les jihadistes y sont mieux implantés et sont infiltrés parmi les civils souvent utilisés comme boucliers humains.

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La bataille «risque d'être plus difficile, avec des combats maison par maison, plus sanglants et à plus grande échelle», met en garde Patrick Skinner, du groupe d'analyse Soufan Group Intelligence Consultancy. «La résistance de Daesh pourrait s'avérer plus importante dans cette zone», indique Emily Anagnostos, du centre de réflexion Institute for the Study of War.

Aucun bilan global des victimes des quatre mois d'offensive n'a été fourni mais les pertes dans les rangs de Daesh seraient importantes, ce qui pourrait priver le groupe des ressources nécessaires pour défendre efficacement Mossoul-Ouest. Une perte totale de Mossoul marquerait un échec cinglant pour Daesh qui a perdu beaucoup de terrain ces derniers mois en Irak et en Syrie voisine.

Le groupe jihadiste ne contrôlerait alors plus qu'une région autour de la ville irakienne de Hawija, à 180 km au sud-est de Mossoul, et de petites localités dans l'ouest irakien frontalier de la Syrie où il défend également son principal fief de Raqa face à des forces arabo-kurdes. Mais malgré les revers, Daesh reste capable de mener des attentats particulièrement sanglants.

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