Le traité de Maastricht a vingt-cinq ans ce mardi 7 février, celui de Rome en aura soixante en mars, et le programme Erasmus, créé en 1987, célèbre tout au long de l’année son entrée dans la trentaine.
Pour l’Union européenne, 2017 sera donc riche en anniversaires, et de ce fait, en occasions de célébrer cette grande aventure historique. Mais malgré les manifestations organisées à cet effet, force est de constater que l’Europe peine encore à convaincre.
En France, 54% des citoyens la définissent de manière négative, selon un sondage CSA réalisé en exclusivité pour Direct Matin. Et à en croire les résultats des derniers scrutins sur le continent, l’Hexagone est loin d’être un cas isolé.
Trop compliquée pour les Français
Pour 22% des Français, l’Union européenne est d’abord «une organisation politique complexe». Une perception que confirme Dorota Dakowska, professeure de sciences politiques à l’université Lyon 2. «La politique, c’est toujours compliqué, il y a un phénomène de distance. Mais c’est encore plus vraie avec l’UE, vue comme une technocratie éloignée géographiquement».
Les sondés la décrivent ensuite comme «un gouffre financier» (17 %), tandis que l’«espace de liberté de circulation des biens et des personnes» et la «force économique» n’arrivent qu’en troisième position (15 %). Près d’un Français sur dix (9 %) considère en outre que l’Union constitue avant tout «un frein à la souveraineté nationale».
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Ces opinions négatives sont particulièrement dominantes chez les retraités (58 %) et les ouvriers (64 %). Ces derniers sont d’ailleurs 11 % à considérer d’abord l’Union européenne comme une institution inutile, contre seulement 6% dans l’ensemble de la population.
Certaines catégories de sondés se montrent toutefois plus optimistes. La majorité des jeunes (62 % des 18-24 ans et 54 % des 25-34 ans) donnent de l’Europe une définition positive. Quelque 22 % des 25-34 ans y voient d’abord un espace de liberté, et 21% des 18-24 «une force économique».
Une remise en question globale
Cette défiance à l’égard de l’Europe est loin d’être limitée à l’Hexagone. En juin dernier, le choix des Britanniques de sortir de l’Union a marqué une étape inédite dans le processus, marquant pour la première fois un retour en arrière. Qui pourrait ne pas être le dernier.
Des conservateurs eurosceptiques sont arrivés au pouvoir en Pologne et en Hongrie, tandis qu’en Italie, les décroissants du Mouvement 5 étoiles, deuxième force politique du pays, ne cachent pas leur hostilité à Bruxelles.
Mais il ne faudrait pas pour autant enterrer l’Europe trop vite, tempère Dorota Dakowska. «La construction européenne a toujours progressé après des moments de crise», explique-t-elle, évoquant notamment l’échec de l’Europe de la défense en 1954, ou la politique de la chaise vide en 1965. Le Brexit serait alors une nouvelle occasion de rebondir...